L'alimentation des bébés dans les mois qui suivent la naissance détermine le risque à vie d'obésité, indique cette étude de l'institut John Hopkins, publiée dans l'édition de novembre de la revue Diabetes de l'American Diabetes Association (ADA). Selon ces conclusions, l'exposition à un régime à haute teneur en graisses via la mère, in utero, influerait sur le risque d'obésité de l'Enfant, beaucoup moins que l'alimentation durant les premières semaines et années de vie. Cette étude chez l'animal montre ainsi toute l'importance de l'allaitement, du sevrage et des premières diversifications alimentaires pour l'équilibre métabolique plus tard dans la vie.
Ainsi, l'expérience montre que des rats nés de mères nourries avec un régime riche en matières grasses, mais qui reçoivent une alimentation avec des niveaux normaux de lipides juste après la naissance pourront éviter l'obésité et ses complications, à l'âge adulte. Dans le même temps, des bébés rats exposés à des niveaux de lipides normaux in utero via une alimentation équilibrée de la mère, mais allaités par les mères suivant un régime alimentaire riche en matières grasses deviennent obèses au moment du sevrage.
Selon les auteurs, ces expériences, certes sur l'animal, suggèrent que les bébés mammifères, y compris humains, apprennent à se nourrir alors qu'ils sont encore nouveau-nés et que ces « premiers pas » alimentaires sont plus importants pour leur avenir métabolique que l'exposition in utero à une mauvaise alimentation. «Notre recherche confirme que l'exposition à un régime riche en graisses juste après la naissance aura des conséquences importantes sur le risque d'obésité», affirme le Pr Kellie LK Tamashiro, professeur de psychiatrie et de sciences comportementales à l'Université Johns Hopkins School of Medicine et auteur principal de l'étude.
Une alimentation saine dès la petite enfance : L'étude suggère aussi qu'en mettant les enfants à une alimentation saine dès la petite enfance, on peut éviter le développement d'une obésité, du diabète et des maladies cardiaques. Alors que l'obésité est devenue le problème mondial de santé publique qui conduit souvent à de nombreuses comorbidités, un mode d'alimentation « moderne » trop riche en graisses est devenu une préoccupation importante : Dans ces expériences, les bébés rats nouveau-nés exposés à un régime alimentaire trop riche en matières grasses via le lait maternel de mères elles-mêmes alimentées de manière trop riche, sont plus susceptibles de prendre du poids de manière excessive, présentent une intolérance au glucose (pré-diabète) et deviennent insensibles à l'hormone leptine- qui régule l'appétit et le poids corporel chez les humains comme ici, chez les rongeurs. La leptine, sécrétée par les cellules adipeuses, contrôle la signalisation des niveaux de graisse et donc la prise alimentaire.
L'importance de l'allaitement, de sevrage et de la première diversification alimentaire : Les auteurs précisent néanmoins que si leurs résultats sont importants pour mieux appréhender l'impact des environnements prénatal et postnatal sur le développement de l'enfant, ces données recueillies sur l'animal, ne peuvent s'appliquer directement à l'Homme. Si ces résultats ne remettent aucunement en question les lignes directrices pour les femmes enceintes et notamment la limitation de prise de poids pendant la grossesse en contrôlant les graisses et les calories, ils suggèrent une surveillance et un suivi accrus de l'alimentation du petit enfant, durant la période d'allaitement, de sevrage et de diversification alimentaire.
La même équipe de recherche travaille maintenant sur l'impact de l'exercice physique à un âge précoce –durant la petite enfance- pour inverser les effets de l'exposition à un régime alimentaire riche en graisses.
Source: Diabetes doi: 10.2337/db11-0957 November 2012 Maternal High-Fat Diet During Gestation or Suckling Differentially Affects Offspring Leptin Sensitivity and Obesity (Visuel© Yuri Arcurs - Fotolia.com)