Avec des symptômes dont la prévalence moyenne oscille entre 25 et 30% en population générale, l'insomnie est de loin le premier trouble du sommeil en France. Les données du Baromètre santé 2010 portant sur 27.653 individus âgés de 15 à 85 ans montrent une prévalence de l'insomnie chronique stable avec l'âge parmi les femmes, en augmentation avec l'âge chez les hommes, avant de diminuer au-delà de 65 ans. Là encore l'insomnie concerne des groupes plus à risque, elle apparaît liée à des situations de précarité, de vie difficiles, de violences subies et à des comportements comme la consommation excessive d'alcool ou le tabagisme. La prévalence de l'insomnie reste logiquement associée à celle des troubles mentaux, plus élevée autour de 50 ans et chez les femmes, ce qui s'explique en partie par les normes sociales et les différences de position et de statut social entre les hommes et les femmes. Ce qui frappe, c'est l'augmentation destroubles du sommeil déclarés depuis 1995, avec une stabilisation de la prévalence depuis 2000 à un niveau élevé.
Au-delà de l'insomnie, la fatigue et la somnolence excessive. L'Enquête santé protection sociale (ESPS) menée auprès de 12.636 Français, âgés de 16 ans et plus confirme la présence de ces perturbations diurnes, également plus élevée chez les femmes que chez les hommes et plutôt jusqu'à 55 ans. La fréquence du retentissement diurne est maximale entre 25 et 55 ans, plus élevée chez les personnes travaillant en rythme décalé et chez les plus précaires, plus élevée chez les personnes en couple que célibataires (20% vs 13,5%). Fatigue et somnolences sont fréquemment accompagnées de comorbidités, dans plus de 9 cas sur 10. Une personne concernée sur 5 ira prendre des benzodiazépines ou apparentés, malgré les effets indésirableslong terme. Là encore, le BEH souligne, une vulnérabilité supérieure des femmes à ces troubles diurnes, avec des explications hormonales, de vulnérabilité psychique et d'inégalités sociales.
L'apnée qui concerne près de 5% des Français a cette particularité de n'être diagnostiqué, en France que dans un cas sur 2. Sa prévalence atteint 16% chez les diabétiques de type 2. Ce trouble plus marginal reste néanmoins très sous-exploré en France et témoigne d'une considération très tardive des troubles du sommeil, en général.
C'est à l'adolescence que le sommeil est le plus chahuté, confirme ce volet français de l'étude internationale Health Behaviour in School-aged Children (HBSC) qui porte sur près de 10.000 ados âgés de 11 à 15 ans. Le temps de sommeil « les jours d'école » diminue fortement entre
11 et 15 ans, de 9 h 26 mn à 7 h 55 mn et même lorsqu'il n'y a pas cours le lendemain (de 10 h 17 mn à 9 h 44 mn). Un temps de sommeil trop court <7 heures, concerne 24,6% des jeunes de 15 ans. Bref, une dette de sommeil qui s'accroît au fil de l'adolescence et qui s'explique par le temps passé devant l'écran. Des résultats qui suggèrent de renforcer l'éducation pour la santé sur le sommeil, un facteur d'équilibre et de bonne santé, au même titre et au même plan, que l'alimentation et l'exercice physique.
Source : InVS BEH n°44-45/2012(Visuel INSV)