L'UDI a été portée sur les fonds baptismaux par Jean-Louis Borloo le 22
octobre 2012. Depuis, rien ou pas grand-chose. Certes, celui-ci a bien essayé
de se montrer dans les medias mais ses interventions sont complètement passées
inaperçues. Il faut dire qu'entre la bataille pour la présidence de l'UMP d'un
côté, et l'observation attentive de l'action gouvernementale de l'autre, la
place est réduite. Peu d'espace médiatique disponible et peu d'intérêt pour ce
qui apparait comme une nième tentative pour reconstituer une force politique
homogène au centre. En clair, il n'y a pas grand monde à s'intéresser à
l'avènement d'un parti qui a pourtant selon les dires de son fondateur, "
vocation à devenir le premier parti de France ".
Il faut dire, qu'outre le moment pas nécessairement bien choisis, il n'y a
pas grand-chose dans l'UDI pour enthousiasmer les foules.
A commencer par son nom: Union des Démocrates et Indépendants.
Intéressant ce nom, il est certainement le produit d'une longue réflexion
menée par de couteux cabinets de marketing de renom.
La première chose qui saute aux yeux, c'est l'étroite parenté avec son
illustre prédécesseur, l'UDF. UDF/UDI, l'objectif est clair, ressusciter l'UDF
dont faute de pouvoir en reprendre l'appellation exacte " Union pour la
Démocratie Française ", on a pastiché l'acronyme. Pas certain que de jouer de
manière aussi flagrante sur la nostalgie d'un parti dont l'image de marque
n'est ni populaire ni moderne soit une heureuse idée. Et ce ne sont pas les
présences de Valery Giscard d'Estaing et de Simone Veil à l'inauguration qui
vont rajeunir cette image.
Ce qu'est également censé nous dire ce nom, c'est le positionnement de l'UDI
sur l'échiquier politique.
Rappelons que la base de l'UDI est essentiellement constituée du Nouveau
Centre et du Parti Radical soit pour l'essentiel d'anciens soutiens de Nicolas
Sarkozy dont les principaux responsables ont été au gouvernement et qui ont
passé 5 ans à voter dans le même sens que l'UMP.
Afin de rendre son positionnement le plus lisible possible, l'UDI devait se
différencier du MoDem de François Bayrou sans avoir l'air d'être trop
concurrent pour en récupérer une partie, tout en se positionnant clairement au
centre, tout en affirmant haut et fort son indépendance vis-à-vis de l'UMP dont
il a pourtant été l'allié fidèle pendant 5 ans. Pas facile !
Eh bien, le nom a été conçu pour ça.
Il reprend l'essentiel du nom du Mouvement des Démocrates en y adjoignant "
et Indépendants ".
Certes la ficelle est un peu grosse car le résultat est pour le moins
étrange. On ne voit pas bien ce que ce " et indépendants " vient faire là,
est-ce que cela signifie que ce parti réunit des démocrates qui sont également
indépendants ou des Démocrates et des Indépendants ?
Paradoxalement, cette volonté, à travers le nom et le discours, d'insister
lourdement sur l'indépendance de ce nouveau parti, montre bien qu'en la matière
il n'y a rien d'évident, et que celui-ci devra faire ses preuves.
D'autant plus que, contrairement au MoDem, l'UDI se positionne sans aucune
ambigüité à droite, ce qui d'entrée de jeu le rendra dépendant du rapport de
force au sein de la Droite. Or, depuis l'époque de Valery Giscard d'Estaing, ce
rapport de force a toujours été en faveur de l'UMP (ou RPR).
Rappelons qu'en 2002, parce qu'il contestait la volonté d'indépendance de
François Bayrou vis-à-vis du RPR, plusieurs des cadres de l'UDF partirent
rejoindre l'UMP pourtant fraichement créée dans le seul but de
soutenir...Jacques Chirac.
En 2007, la victoire de Nicolas Sarkozy, et ce même rapport de force à
droite, provoquèrent une seconde vague de départs et la création du " Nouveau
centre " d'Hervé Morin. Tous les élus qui craignaient, à juste titre pour leur
mandat, ont rejoint l'UMP ou s'y sont apparentés.
Dans notre système de scrutin majoritaire, pour être réellement indépendant,
il faut être dominant ou accepter comme le MoDem d'être un parti sans
élu.
Tout cela pour dire que, sauf à parier sur un éclatement de l'UMP, l'UDI
risque de finir comme feu l'UDF, c'est-à-dire un parti de notables qui ne
pèsera pas réellement sur la vie politique française.
Quand à un espoir présidentiel, l'UDI ne peut compter que sur un Jean-Louis
Borloo qui, malgré sa popularité, n'a jamais démontré sa volonté et sa capacité
à faire un bon candidat.
Il ne reste plus pour l'UDI qu'à espérer que Jean-François Coppé soit élu à
la tête de l'UMP (à cette heure il y a encore doute) et que les ravages causés
par le déroulement catastrophique de l'élection et la peur d'une dérive
droitière, amènent militants et élus à rejoindre en masse le parti centriste.
C'est le seul moyen pour arriver à faire évoluer le rapport de force et en
conséquence à donner raison à Jean-Louis Borloo qui voit son parti devenir
sinon le premier de France, au moins le premier à droite. Mais disons le,
l'espoir est faible.