Les odeurs ont du coeur

Chanel l’a bien compris et même si la dernière publicité Chanel n°5  a été controversée, quoi de plus juste que de faire parler un homme (et quel homme quand même) d’un parfum sur ce qu’il lui évoque : le souvenir d’une femme, d’une histoire.

Normal aussi, du coup, que le monde de la parfumerie soit en perpétuelle quête des possibilités infinies qu’offre le secteur des odeurs. Ca bouge ! On salut les nouvelles initiatives des artisans et des artistes afin de vous faire un petit tour d’horizon.

SMELL ME – show olfactif

Installation olfactive où l’odeur de l’artiste est dévoilée, essence qu’elle a préalablement fabriquée à partir des éléments aromatiques de ses cheveux, sa sueur et ses larmes. Un  voyage initiatique autour de son essence biologique, d’elle, de son intime, ce qu’elle confirme « I was basically a living, walking extraction sample for the whole summer » (période pendant laquelle elle a collaboré avec des scientifiques, et un groupe d’étudiants en recherche).  Son essence est diffusée dans la galerie, lors de la performance, pas le choix donc pour les visiteurs de la sentir, de la ressentir sans aucun préjugé visuel.

Plus d’info ici : Martynka Wawrzyniak

OLFACTIVE STUDIO – photographie des parfums

Le projet est né d’une rencontre entre photographie et création olfactive. Il s’agit chez Olfactive Studio de réconcilier les espaces temporels entre les images et les odeurs. Une photographie – un photographe – une fragrance – un parfumeur. Un studio collectif donc, puisque ce sont des personnalités qui créent les odeurs que leur évoquent la photographie choisie, thématique. Des collaborateurs ont ainsi déjà créer les parfums « Autoportrait », « Chambre Noire », « Still Life » et « Lumière Blanche », de vrais partis pris personnels et de très belles images.

Plus d’info ici : Olfactive Studio

LUCY McRAE – Swallowable parfum

C’est le premier parfum encapsulé, on le gobe et on transpire la rose…  Une fois absorbé, le swallowable parfum permet à la peau humaine d’émettre une odeur unique selon l’individu, déterminée par sa température, son stress, sa sexualité bref ses émotions. Le processus est simple la capsule agit à la manière du corps, les molécules odorantes sont sécrétées à la surface de la peau lorsqu’on transpire.

Créé par l’artiste Lucy McRae, ce parfum explore et redéfini le rôle de la peau dans notre identité. La campagne est voulue très provocante afin d’exciter les appétits puisque le projet est encore en phase d’expérimentation.

Vous prendrez bien un digestif…

Swallowable Parfum® from Ine van den Elsen on Vimeo.

Plus d’info ici : Lucy McRae

JODY KOCKEN – perfum tools

Pour les allergiques aux fragances industrielles, pas de panique, la designer Jody Kocken offre un tout nouveau rituel de port de parfum, plus sur soi mais avec soi. Une sublime collection de bijoux qui parfument le corps. Les bijoux absorbent l’odeur du parfum désiré et agit comme des diffuseurs sans aucun contact direct avec la peau. Terriblement esthétique et pratique, il voyage partout, mille fois mieux qu’un échantillon et une vraie solution pour les peaux sensibles. On adore.

Plus d’info ici : Jody Kocken

Des initiatives autour du thème de l’identité : « nous sommes ce que nous sentons ». On ne compte plus les parfums sur-mesure ou ceux qui respectent le PH naturel de la peau. C’est un nouveau territoire qu’investit l’industrie du parfum puisqu’il n’est plus question de séduction mais d’intimité ; nous ne sommes plus dans l’odeur d’appel mais dans l’odeur primaire, originelle.

Pourquoi ?

Ré apprivoiser « son odeur », c’est retrouver, ou trouver, la délicatesse de qui je suis, la trace de son humanité et de son historicité. Parce que nous sommes « perdus » dans une société virtuelle et visuelle, (amenée par l’ancrage d’Internet dans nos quotidiens), nous devons ré apprendre à prendre conscience du « Je ». C’est le besoin d’incarnation soit un acte par lequel notre être spirituel (l’âme ou le Soi) apparaît dans une représentation concrète (le corps).

C’est l’avènement d’un nouveau système olfactif : après avoir annihiler les odeurs – les avoir aseptisées, synthétisées, lissées – nous semblons prêts à sentir.

Nous pouvons (peut-être) parler d’un « néo primaire » non plus brute mais plutôt biologique ou « essence » qui redonne de l’importance à l’invisible, à notre instinct, à l’inné et… au nez !