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Rencontre avec ma prof d’espagnol de Granada (Nicaragua)

Publié le 10 novembre 2012 par Elodieberlin

Jolie, sérieuse et élégante Gabriela cache sa joie de vivre derrière un sourire timide. Nous avons toutes les deux 26 ans et beaucoup de points communs. On aime le cinéma, on s’interroge le matin devant notre penderie, on regarde les garçons, on se bat pour trouver un emploi, on adore se raconter des potins entre copines…

Pourtant la vie de Gabriela est bien différente de la mienne. Elle est la petite dernière d’une famille de 11 enfants et est elle-même la maman d’un garçonnet de 2 ans, Jonathan. Elle vit avec son copain chez ses parents en attendant de pouvoir habiter dans sa propre maison.

cours d'espagnol nicaragua
Professeur d’espagnol à l’école Nicaragua Mia depuis 3 ans, elle donne des cours aux touristes qui viennent visiter le Nicaragua. Ce n’est pas sa formation, elle a étudié 4 ans la finance. Mais il n’y a pas qu’en France que les jeunes diplômés sont au chômage. Ne trouvant pas de travail dans ce secteur elle s’est lancé dans ce métier qu’elle apprécie. Si elle enseigne à mi-temps du lundi au vendredi à l’école elle n’est pas pour autant en week-end le samedi et le dimanche car elle travaille aussi dans l’épicerie familiale.

Son autre activité c’est l’apprentissage de l’anglais, 4 heures par semaine. Plus qu’un loisir, c’est un passeport pour trouver un emploi stable.

Son fils est malade et a besoin de traitements coûteux. Même si l’hôpital est gratuit au Nicaragua, les soins qu’y a reçu Jonathan n’ont pas été efficaces. Aussi Gabriela et son ami ont fait appel à un spécialiste Les opérations régulières que subit son fils représente la moitié d’un salaire moyen nicaraguayen, 2000 cordobas, soit environ 65 euros. Comme son copain est étudiant c’est Gabriela qui se bat pour joindre les deux bouts et garder son fils en bonne santé. Son cas n’est pas exceptionnel, d’autres enfants du même âge souffrent de problèmes aux poumons et à l’estomac dans son village.

Les journées sont longues pour la jeune femme qui se lève à 5h30 afin de préparer le petit-déjeuner et s’occuper de la maison. Elle file ensuite à l’école située à Granada, à une heure en bus. Quand elle revient vers 13, 14h, elle révise ses cours d’anglais, rend visite à un membre de sa famille à l’hôpital, joue avec son fils et prépare le dîner. Vers 20 h elle peut enfin se relaxer devant sa telenovela favorite.

Quand elle a l’occasion Gabriela aime danser avec son copain… la salsa, le meringue, le hip hop… Pas question d’avoir un autre partenaire, se serait mal vu ! Elle m’explique que l’un des problèmes majeurs que rencontrent les femmes au Nicaragua est le machisme voir la violence de certains hommes. Elle me raconte l’histoire d’une femme qui avait quitté son mari. Elle avait par la suite rencontré un autre homme au Costa Rica. Son premier mari l’a retrouvée et l’a tuée. Au Nicaragua, ce type d’homicide est puni par la loi. Mais comme il a eu lieu au Costa Rica, cet homme a pu revenir sans problème au Nicaragua et jouit toujours de sa liberté.

Malgré les problèmes économiques et les insuffisances du système social, éducation et santé notamment, Gabriela me dit qu’elle est heureuse dans son pays. La communauté dans laquelle elle vit est très solidaire. En 2000 il y a eu un tremblement de terre dont l’épicentre était à la laguna de Apoyo, à coté de chez elle, a secoué son village. L’une de ses nièces est décédée. Avec l’aide de chacun les maisons ont été reconstruites et la vie continue. Comme la plupart des Nicaraguayennes que j’ai rencontré Gabriela est critique sur la situation du Nicaragua, mais courageuse, pleine d’optimisme et de volonté.


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