Le Pitt espace incontournable du paysage local, comme ‘pit’- ou la fosse en Anglais. Espace traditionnel qui a échappé, comme la corrida en Espagne, au bannissement. Le combat de coqs fait encore partie du vécu des gens d’ici, à l’instar d’autres pratiques qui renforcent le lien entre les êtres et leur environnement.
L’environnement, le Pitt devient un espace pour l’artiste comme nous l’avons vu dans les œuvres récentes pour la rue, le jardin, les quais du port, ou la cour des maisons créoles. Le choix du décor n’est jamais anodin, soit en espace clos, soit en extérieur, avec le contraste entre ombre et lumière, et définit le parti-pris du photographe, inclure le spectateur dans son espace.
Le coq de combat, le champion, devient l’objet esthétique du photographe, choyé, baigné, préparé, nourri avec soin ; on lui attribue un nom parfois, et sa réputation le suit de victoire en victoire. On retrouve dans ce combattant, plus proche de l’oiseau de proie que de l’animal de compagnie, des valeurs telles que combativité, choix de la réussite et refus de l’échec. Du rejet aussi.
Objet de fierté quand il gagne, car c’est un véritable lien affectif qui s’établit avec le soigneur; sinon, en tant que perdant c’est le maître, le coqueleur, qui subit l’opprobre de ses adversaires. Anciennement, le corps du perdant mort était suspendu au fond d’un jardin, acte symbolique qui devait marquer les esprits et qui s’inscrit également dans le code qui régit un monde en dehors du monde.
Suzanne Lampla