Pas facile de traduire Lewis Caroll ! Le père d’Alice au pays des Merveilles, adepte des pirouettes sémantiques et autres syllogismes, a usé plus d’un traducteur. Il fallait bien un poète de la trempe d’Aragon pour traduire en 1929 les 141 quatrains de la Chasse au Snark. Cet autre chef-d’oeuvre du nonsense carrollien, adapté graphiquement par le canadien Mahendra Singh, reprend évidemment (et même s’il faut se méfier des évidences dans l’univers de Lewis Carroll) cette traduction.
Au-delà du texte lui-même, dont les mérites ne sont plus à expliquer, on regrettera tout de même le parti-pris graphique. Le trait de Mahendra Singh, proche de celui des illustrateurs du XIXème siècle, possède certes le certain charme qu’on trouve aux objets désuets, mais il risque bien de rebuter quelques lecteurs qui auraient préféré davantage de modernité et de couleur. Car si le poème original n’a finalement que peu vieilli, le travail de l’illustrateur contribue à figer dans le temps ce récit éternel qu’est la Chasse au Snark.