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La Guématrie de Mgr Devoucoux (2)

Par Contrelitterature

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   Mgr Devoucoux fait partie de cette phalange de restaurateurs qui redonnent la Parole confisquée arbitrairement et idéologiquement à une époque qui la croyait révolue, alors qu’elle est, en fait, redévolue, réévaluée et restituée à ceux à qui on voulut la dérober. La restitution n’est-elle pas la première phase du processus de restauration ? Ce que le Christ initia par la malédiction jetée sur les pharisiens fermant l’accès de la connaissance à la multitude méprisée.

   Il nous livre ses réflexions éclairées par une longue étude :

   « Les initiations paraissent avoir eu d’abord un but excellent, celui de n’admettre au titre de citoyen que des hommes bons et capables ; mais, à raison de l’infirmité humaine, ce moyen devint le principe d’un système tyrannique d’abord, puis bientôt impie. Les chefs du secret, pour mieux régner,  firent des dieux des différentes formules, et imposèrent à l’intelligence de la vérité un joug de fer que le Christ seul a pu briser. C’est Lui qui, en mourant comme un  paisible agneau et ressuscitant comme un lion généreux, a brisé les sept sceaux du Livre. Il a apposé aux sept mystères de l’initiation humaine les sept sacrements, dont la vertu toute divine et intime, prépare le chrétien à faire partie de la cité éternelle, en lui communiquant tous les droits de  l’empire que l’homme doit exercer sur soi-même par la pratique de ses devoirs.» (p. XXXIX)

   Il revient sur cette idée à propos de Cybèle, qu’il associe à la science guématrique, et à la dédicace, « l’acte religieux servant à consacrer les droits de limites et de propriété » :

   « En hébreu, la dédicace, le signe de la consécration, se dit CaNcHE. De là le nom de canche donné à l’étang voisin de la colonne de Cussy, qui représente le grand lare de la nationalité éduenne.

   Le mot Hénoc vient de la même racine et signifie la même chose. Hénoc, fils de Caïn, représente la consécration de la propriété temporelle. Hénoc, fils de Jared, représente la consécration de la propriété spirituelle qui est l’intelligence des mystères ineffables qui unissent la terre au ciel, le temps à l’éternité. Les rabbins disent qu’Hénoc est le métatron ou l’intelligence du nom Schaddaï qui indique la puissance de Dieu connue par les merveilles de la création. Les auteurs du moyen-âge le comparent au Sagittaire qui poursuit Léviathan par la science des nombres sacrés, par les mystères de la  parole divine. Léviathan, ou le grand poisson impénétrable, est la doctrine naturaliste enveloppée sous les Formules les plus sacrées. Son nombre répond au mots supplantator Schaddaï. C’est l’ennemi des promesses spirituelles faites à Jacob. C’est la science astrologique mise à la place de l’échelle miraculeuse. C’est en un mot le foyer de doctrines secrètes qui, depuis 6000 ans, luttent contre la véritable notion du rédempteur promis. Le livre de Job dit nettement qu’il est  le roi des enfants de l’orgueil.

   À la cathédrale d’Autun, il est représenté par le lion, par le griffon, par Simon le magicien, par les enfants de Dan, par Caïphe et Judas, par l’arbre kabbalistique, par le chevalier oppresseur, par le sphinx, par le veau d’or ; c’est-à-dire par le travail, le pouvoir et la science, consacrés uniquement à la recherche de l’or matériel et des jouissances de la vanité. En un mot, c’est le mauvais esprit, le démon ou la multiplication de Schaddaï, qui empêche de comprendre cette parole évangélique : Porro unum est necessarium. Une chose suffit, c’est Dieu. » (p. 172)

   Tout homme doit accéder au Salut. Et s’il n’y parvient pas, c’est qu’il ne le veut pas. Voici une vérité contredite par l’ésotérisme qui établit une hiérarchie des états de conscience et  de dignité que l’Église ne cautionne pas car elle est étrangère à la véritable nature de l’homme et au plan salvifique de Dieu.

   Car, il n’y a pas une seule, mais deux  voies initiatiques antagonistes.

   À partir d’un hymne  antique adressé au soleil :

   « Je vous salue, véritable face des dieux, image de votre père, vous dont trois lettres qui valent en nombre 608 forment le nom sacré, le surnom et le présage. »

   Mgr Devoucoux nous raconte l’histoire d’une division toujours actuelle :

   «  608 est le nombre du mot RacHaTh qui signifie un van, signe de l’épreuve initiatrice des mystères dionysiaques Les trois lettres de ce mot sont celles du nom de ThaReHc qui introduisit dans la famille du sémite Héber les dieux étrangers. Pour se garantir de cette erreur, Abraham quitta la Chaldée, sa patrie, et devint le chef de la famille privilégiée dont  l’histoire est celle de la haine de l’idolâtrie. Si l’on parvenait à prouver que, dans les initiations, le nom de chaque initié, de chaque lieu nouveau, était combiné de manière à former une expression gématrique, et si l’on remarquait le même usage pour les noms donnés aux enfants de la famille d’Abraham, on aurait la raison de cette série de noms appliqués, les uns à la déification de la nature, du foyer et du génie, les autres à la conservation de la religion véritable, adorant un dieu unique. Le nom d’ABRaHaM vaut 248 comme le mot RacHaM, miséricorde, et le mot RaMacH, une lance. Le mot de miséricorde fut le mot d’ordre de la chevalerie chrétienne qui regardait Abraham comme son chef. ARON, 257, nom de l’arche d’alliance, est égal au nombre du mot KeDeM, 144, qui indique la  langue primitive, et du mot PhaLeG, 113, qui indique la division des langues. Ce nombre est aussi celui du mot NaZeR, une couronne, et du mot AVRIM qui est le nom des pierres précieuses, symboles de la vérité, placées sur la poitrine du grand prêtre des Juifs. 144 est à 17, nombre du mot ToB, bon, comme un carré est à sa diagonale. 113 est à SaNe, changement, révolution – 355, comme le diamètre est à la circonférence. L’histoire prouve quelles idées surnaturelles des vrais enfants d’Abraham attachaient à leurs  noms. On sait aujourd’hui quelles idées naturelles la tradition dionysiaque a tâché de faire prévaloir sur les premières. Une juste appréciation de ce double phénomène peut amener, avec la connaissance de la vérité, la distinction de deux choses qu’il ne faut pas confondre. La confusion paraît avoir eu lieu à Babylone, à l’occasion d’un grand édifice. »  ( p. XVIII )

   Avec la précision supplémentaire dans la note suivante :

   «  Nous ferons remarquer que le mot ThaReHc valant 608 signifie respirer, souffler, agiter. Il se compose des mêmes lettres et tient à la même racine que le mot RacHaTh signifiant un van à vanner, symbole d’initiation. Le mot VAN en hébreu signifie édifier, construire, comme le mot BeNaTh, est employé dans la prononciation vente, pour signifier une société secrète. On voit l’analogie qui rattache à la même racine le mot vent et le mot van. Vénus qui, d’après la plupart des étymologistes, vient du mot hébreu BeNOTh, les jeunes filles, les jeunes édifices, est représentée sortant d’une coquille nommée van ou vannet. Venus représente la beauté matérielle ou simplement naturelle. Dans l’Orient, on donne le nom de van à un cycle de 60 années. 60 est le nombre du mot hébreu DVN qui signifie jugement. Le mot retourné donne NVD qui signifie  mouvement, agitation, transmigration, fuite. Il indique au chapitre IV de la Genèse la punition de Caïn, cris profugus. Caïn fut à la vérité le premier qui fonda une cité, mais cette ville était la cité du temps, la cité passagère. Cette cité fut nommée du nom du fils de Caïn  cHeNOCh ou l’initié, mot qui vaut 84, mesure du diamètre qui a pour circonférence 264. 264 est le nombre du mot SeDeR, constitution. Le carré qui a 84 pour diagonale, a pour côté 58, nombre du mot cHaN qui signifie un camp ou castrum, et aussi la beauté naturelle. On ajoute ordinairement un E au mot cHaN pour qu’il signifie camp parce que cette lettre vaut 5. Or le mot cHaMeSch , qui signifie 5, signifie aussi un corps de soldats qui défendent le camp. La dernière des 5 écorces qui défendent l’arbre mystérieux, c’est-à-dire, la liberté, est appelée par les charbonniers la chemise. De là le nom de descamisados donné à un radical espagnol. Le van est le signe d’Iacchus, l’initiateur des mystères dionysiaques. La vocation d’Abraham, telle que la  raconte l’histoire biblique, eut pour but de garantir une famille privilégiée du feu des Chaldéens. Abraham, dont le nom signifie père de la multitude, était destiné à devenir le père d’une immense société qui ne prendrait aucune part au naturalisme des nations situées au-delà de l’Euphrate (…). La Bible place au-dessus de cHeNOCh fils du terrestre Caïn, cHeNOCh fils de Jared, le chef des hommes spirituels qui s’élèvent par la contemplation de la nature à la connaissance de la beauté éternelle, type de toutes les harmonies. Il est le représentant de la cité de Dieu  dont l’histoire a été si savamment racontée par saint Augustin. Le nombre des deux Enochs 84 + 84 = 168 uni à 360, nombre du mot ESNE qui signifie mutation, révolution, donne 528, nombre de la clef nécessaire pour comprendre les symboles et leur triple rapport spirituel, physique et social.» ( p. XVIII-XIX )

   À partir de la mesure des monuments et de la guématrie qui en donne une lecture spirituelle, Mgr Devoucoux nous introduit dans  le projet de l’architecture divine. Il nous conduit des notions physiques aux principes de l’harmonie sociale :

   « Les idées de physique et d’astrologie mystiques sont appliquées ici à l’idée sociale de l’unité de pouvoir harmonisant dans la paix les forces relatives, dont l’antagonisme modéré fait la vie de l’humanité.

   La  Kabbale (…) distingue parfaitement le Dieu éternel et infini du vêtement qui publie sa grandeur à nos yeux charnels ; mais la faiblesse humaine se laissa prendre grossièrement à l’illusion des sens. En confondant l’idée de Dieu avec celle de son vêtement, elle amena toutes les monstruosités de l’idolâtrie. Si les ouvrages attribués à Hermès n’étaient que supposés, ce sage aurait prévu l’usage malheureux qui serait fait d’une idée cependant si belle, celle de la contemplation des merveilles de la nature. « Ô Egypte, Egypte, y est-il dit, un temps viendra où, au lieu d’une religion pure et d’un culte, tu n’auras plus que des fables ridicules, incroyables à la postérité, et qu’il ne te restera plus que des mots gravés sur la pierre, seuls monuments qui attesteront ta piété. »

   La Bible  donne le nom d’Enoch ou de consécration aux villes construites d’après un rit religieux, et le septième des patriarches, celui qui poussa le plus loin l’union à Dieu par la contemplation des harmonies de la nature est appelé Hénoch. Peu après, ce patriarche, les enfants de Dieu, c’est-à-dire les contemplatifs, se laissant séduire par la beauté des filles des hommes, il se fit un mélange de la cité du ciel et de la cité de la terre qui confondit toutes les notions dans une sorte de panthéisme d’où naquit l’idolâtrie, et il a fallu plus de 3000 ans d’abaissement et une nouvelle révélation pour que l’humanité revînt à l’idée de l’unité  de Dieu. C’est la raison pour laquelle l’apôtre Saint Jean veut que la cité chrétienne, la nouvelle Jérusalem, soit représentée par 144000 confesseurs occupés à rendre grâce par la pratique de toutes les vertus, et par 144000 vierges prêtes à tous les sacrifices pour la conservation de la foi, et que le plan de sa ville exclut les deux cercles pour ne laisser subsister que la surface carrée de 144000 stades. L’Apocalypse est l’explication spirituelle de ces anciennes formules admirables en elles-mêmes, profanées il est vrai par les vices du cœur humain, mais régénérées par le christianisme et pouvant servir encore de plan à ses projets d’harmonie sociale dont sont tourmentés aujourd’hui tant d’esprits. »

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   L’auteur, après avoir évoqué Autun comme une des cités y ayant contribué, reprend :

   « Nous croyons, en publiant ceci, obéir à la conscience d’un archéologue qui doit communiquer aux autres les découvertes propres à jeter du jour sur l’histoire de l’art et des institutions de son pays. » (p. 144)

   Cette lutte du paganisme contre le christianisme, sur laquelle revient de manière récurrente Mgr Devoucoux, apparaît comme le point focal  sur lequel il centre ses enseignements spirituels. Il illustre l’étroite corrélation entre le « pinacle » du Temple et celui des civilisations. Ses recherches archéologiques projettent une vive lumière sur la dimension eschatologique de l’architecture traditionnelle dont on voit les principes s’incarner dans l’Histoire évènementielle. En sillonnant les rues du vieil Autun, il se livre à des considérations auxquelles nous ferions bien d’être attentifs :

   «  La rue qui partait de l’extrémité inférieure du clos de l’Escurial et touchait à l’extrémité inférieure du grand axe de l’amphithéâtre, avait à l’ouest la fontaine nommée depuis la fontaine Saint-Saulge, et à l’est le trivium nommé depuis la Croix de l’Homme sauvage. – le nom d’Escurial rapproché des usages indiqués par le terrier de l’abbaye de Saint-Andoche, donne l’idée d’un lieu fermé de grilles, dans lequel on enfermait des chevaux ou  d’autres animaux. La rue aux Rats, qui  aboutissait à la  porte décumane du castrum, amenait au temple d’Apollon et à la fontaine des épreuves judiciaires, dont parle Eumène, les accusés détenus dans la prison de la questure nommée au moyen-âge château de Rivaux. C’est de ce point que les coupables et quelques-uns des animaux étaient conduits  à l’amphithéâtre. Le nom de Parc donné à l’enclos de Saint-Andoche est une trace de cet ancien usage, et c’est dans les caves voûtées de cette abbaye que la tradition place la prison où furent enfermés les martyrs d’Autun. Le nom de Croix de l’Homme sauvage donné à l’extrémité orientale de cette rue est d’un très grand intérêt parce que c’est là qu’on a trouvé une sculpture représentant les trois déesses maires, ou le mortier, la dent molaire, le pilon, en un mot la loi des transmutations considérée soit dans les phénomènes de la vie matérielle, qui se compose d’une suite de  destructions et de résurrections des germes, soit dans les phénomènes de la vie sociale, qui se manifestent par des révolutions sanglantes, soit enfin dans les phénomènes de  la vie des astres qui font dominer tour à tour l’action de l’élément igné et celle de l’élément humide.

   Ces déesses maires sont représentées à Lyon comme trois conservatrices des germes ; à Entrains, la déesse Nehalennia porte un mortier. On met un pilon, une bourde entre les mains de l’homme sauvage, nommé satyre, sylvain. On voit  combien l’image de la louve qui nourrit les deux frères Romulus  et Remus à l’Occident, et celle des déesses-maires et de l’homme sauvage qui indique les souffrances et la mort à l’orient, conviennent à l’idée de ces deux sources rivales, dont l’une indique la mort et l’autre la résurrection. Quand le christianisme devint à Augustodunum la religion dominante, on mit une croix à la place de l’homme sauvage dont le cri avait été pendant tant de siècles panem et circenses, et on donna à l’eau de Romulus et de Remus le nom de fontaine du salut, puis on la mit sous la protection d’un saint évêque d’Amiens nommé saint Salvius ou saint Saulge.

   C’est au-dessous de la croix de l ‘Homme sauvage, près d’une fontaine, que la tradition fixe le lieu où saint Symphorien fut martyrisé.  (…)

   Nous  ajouterons ce qui suit pour compléter ce que nous avons dit de l’Homme sauveur et l’Homme sauvage. (…)

  

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   À Autun, les chrétiens ont opposé à l’image de  Télésphore (dieu de la perfection) celle de saint Christophore et  à celle de l’homme sauvage celle de saint André portant la croix, celle de saint Symphorien brisant l’image de Bérécynthe, celle de saint Jean-Baptiste moralisant le peuple en même temps qu’il reprend avec force le tyran Hérode. » (p. 221-224)

   La référence constante  à la marque chrétienne apposée sur tous les monuments et les lieux consacrés de l’Antiquité, Mgr Devoucoux s’en explique par la valeur de sceau du christianisme, venu « non abolir, mais accomplir ». Que l’Église  instaure  le rite eucharistique sur les lieux sacrés des cultes idolâtres et élève ses sanctuaires sur les fondations des temples païens pour signer la fermeture des Temps de la Prophétie et l’ouverture du Temps de la Rédemption, est fort peu compris des esprits modernes qui s’exaspèrent facilement des résistances de l’Église catholique à s’allonger sur le lit de Procuste où toutes les autres religions se sont résignées, un jour ou l’autre, à passer.

   « Il faudrait nous reporter aux temps anciens pour comprendre toute l’importance de ces analogies qui se lient à l’histoire des luttes livrées par le christianisme au paganisme d’abord, puis ensuite aux usages que des motifs  de tolérance politique avaient obligé à ménager.

   La mission de l’art chrétien a été de demander à la théologie et à la liturgie des idées pieuses qui pussent réformer les traditions erronées déposées dans les corporations diverses des cités. Ces idées se présentèrent facilement. Les formules employées dans les arts étaient presque toutes empruntées à cette pensée que l’homme est un petit monde, un microcosme résumant dans ses proportions les harmonies développées en grand dans la vaste étendue de l’univers. – Il s’agissait de savoir si la religion pouvait tirer parti des formules ainsi prises des choses naturelles.

   La Bible disait que le premier homme avait donné à toutes choses le nom qui lui est propre. Les historiens affirmaient que le patriarche Enoch avait résumé toute la science astronomique dans des notes gravées sur des colonnes. Le texte sacré nommait les deux artistes juifs auxquels Dieu avait révélé le plan du tabernacle et les objets accessoires. On voyait que Salomon avait été conduit par l’esprit de Dieu en traçant le plan du temple de Jérusalem. Par le fait, les dimensions de l’arche de Noë étaient conformes aux proportions données par les philosophes au corps humain, et le nombre de l’arche d’alliance, ARON,  était parfaitement semblable au nombre du mot NZR 257, représentant l’union du langage divisé de PhaLeG avec la racine première du langage unique de CaDaM. C’est en face du temple d’Ephèse, la merveille de l’Antiquité, que saint Paul avait comparé l’Église au corps de Jésus-Christ, et le corps de Jésus-Christ à un édifice matériel élevé à la gloire de Dieu. – Quand le moyen-âge éleva sa plus grande basilique, celle de Cluny, il profita de la révélation faite à un moine de l’abbaye de Baume et de la science de deux chanoines  de Cologne réputés pour leur habileté dans les arts. Or, les proportions de cette église, 415 X 226, font une allusion manifeste aux 425 X 220 du temple d’Ephèse, avec cette différence que les nombres de ce temple répondaient à la phrase suivante : ISIS EI IS, Isis est la force, et que la combinaison  de Cluny amenait les idées suivantes : la croix est l’épreuve qui purifie. Jehovah est le Dieu fort, la vie absolue. »  (p. 236-237)

   Car l’assertion absurde et aberrante selon laquelle « les religions disent toutes la même chose » ne se retrouve pas seulement dans les propos des ignorants, des esprits faibles ou soumis au diktat de la masse, mais chez les esprits brillants, solides, puissants, ceux dont  notre société (peu traditionnelle) n’hésite pas à faire ses « initiés ». (Ce qui est une preuve supplémentaire du caractère grégaire de l’élite en question.)

   S’ils avaient été plus attentifs, ils auraient remarqué l’importance « physique » accorder par le Anciens à  la  « forme de la croix » et à sa  « signification morale. » (p. 166)

   Et ce en quoi consiste  au juste  l’usage du niveau :

   «  Saint Jean-Baptiste a prêché le nivellement volontaire, la vertu. Il a dit aux petits : Soyez contents de votre solde, et aux montagnes d’orgueil  (c’est le sens du mot Hérode) : ceci ne vous est  pas permis. Il a laissé au fils de Dieu le soin d’agiter le van, symbole de la souveraine  distribution des peines et des récompenses.»  (p. 188)

   Mgr Devoucoux – dont on ne sait s’il a été confronté à ces esprits hautement sélectionnés – dans un souci  à l’évidence pédagogique nous expose le fondement méthodologique sur lequel il base sa réflexion et qui rend irrecevable le nivellement de la Révélation, par quelque organisation mondiale, ou universaliste que ce soit :

   « Nous citons encore les monuments chrétiens, parce que c’est en étudiant ces monuments et la manière dont le christianisme rendit aux anciennes formules leur sens spirituel, que nous avons pu retrouver le système de plusieurs monuments précieux dans lesquels les formules n’avaient plus qu’un sens matériel trop souvent immoral et impie. Nous croyons cependant que le sens social des formules n’était pas ignoré des chefs de corporations, et que dans quelques circonstances le sens spirituel apparaissait aux esprits plus éclairés et surtout plus vertueux. Nous ne croyons pas à un christianisme latent dans le secret des initiations antiques ; mais nous croyons à la conservation de certaines formules que le christianisme était appelé à expliquer d’une manière supérieure, afin de montrer qu’il est  la manifestation du principe qui domine toutes choses ; c’est en ce sens que nous croyons aux prophéties que la tradition prête aux druides gaulois et aux sybilles. Ici, nous ferons observer que le nom mystique des RaZéNes étrusques, qui signifie prince ou principe secret et qui se traduit par deux formules géométriques, le carré type et le diamètre type, fut naturellement retourné par les chrétiens qui y lurent NaZeR, nom donné à leur chef qui, au lieu d’une couronne de fleurs, eut une couronne d’épines, et au lieu d’un sceptre porta une croix teinte de son propre sang. Jesus NaZaRenus ex Judaeorum. Cette inscription que Pilate fit placer sur la croix était écrite dans les trois langues dont l’histoire résume celle des peuples civilisés et dont nous retrouvons l’indication précise dans les proportions  du temple dit de Janus, la langue latine, la langue hébraïque et la langue grecque. « (p. 232-233).

   L’héritage de la sagesse antique n’a-t-elle pas vocation à devenir la part inaliénable des véritables héritiers du Père ? Hélas, l’Histoire nous offre à lire les chapitres enchevêtrés d‘une généalogie tourmentée, où les familles spirituelles se déchirent pour s’attribuer indûment le droit d’aînesse ou la préséance d’une branche sur l’autre. Si le Royaume des Cieux « souffre violence » et si ce sont « les violents  qui « s’en emparent »,  il nous importe de connaître la nature de cette violence afin de ne pas mêler notre « feu » à n’importe quel brasier et de rester fidèle à ce « Feu allumé sur la terre » dont le Christ eut la passion.

   Ce que suggèrent ces notes :

   «  On appelle homme qui vire certaines pierres perpendiculaires dans le genre de la pierre du cerf  d’Autun, certains degrés de juridiction. Sur un monument antique existant à Chalon-sur-Saône et représentant tous les attributs d’Arus ou du génie local, on voit au-dessous de Télesphore un menhir et au pied du menhir un cerf. Le double fil tordu, le double pal, la tortue, sont de l’autre côté. (…) Le menhir était le point central d’où partait le cordeau de l’arpenteur, l’œil du juge. Un jeu de mot amenait l’arbre qui viret, qui verdit et se couvre de feuilles. Le mot viragium est synonyme du mot hommage. Dans le 2ème degré de l’Ecossisme, il faut passer de la perpendiculaire au niveau, c’est-à-dire renoncer à ce qu’on appelle les préjugés. L’auteur que nous avons consulté est à cet égard d’un  cynisme qu’il serait injuste de prêter à tous les adeptes, mais qui du reste n’est que la lettre grossière de la kabbale. Les rabbins religieux désavoueraient ce naturalisme.

   Le monument de Chalon explique le fil tordu, le byssus contorta, le caducée de Mercure par l’union de deux phallus, c’est-à-dire de deux ordres d’initiation, de création, de naissance, d’où naît le nivellement. Le monument dont il est question  a été retrouvé enfoui sous l’autel de Saint-Vincent de Chalon. Les artistes chrétiens opposèrent à l’image grossière de la kabbale païenne la double hache, le verbe divin, qui divise en deux ordres laborieux le nombre 740 qui est celui de la paix kabbalistiques SAasaA.

   Puis, pour mieux expliquer leur pensée, ils ont fait voir, sur le dernier chapiteau, Jésus montrant dans la fraction du pain, c’est-à-dire dans la communion chrétienne, la véritable source de l’union et du bonheur, la véritable victoire et la véritable gloire, dans la véritable fondation. Jésus montre aux disciples d’Emmaüs (le peuple), deux branches entrelacées et dit : « Il a fallu que le Christ souffrît avant d’entrer dans sa gloire. » ( p. 192-193).

   Mgr Devoucoux revient plus loin sur cette idée de giration, dans l’étude des églises de Colonge-la-Madeleine et de Plottes,  proches de Tournus :

   « …dédiées l’une et l’autre à saint Barthélemi, patron des fabri ou forgerons, (elles) offrent une particularité tellement indiquée qu’il faut en tenir compte. Le chœur de ces églises dévie d’une manière très sensible de la ligne perpendiculaire. On sait que les artistes chrétiens ont employé cette ligne brisée ou oblique pour indiquer la divinité s’abaissant afin de relever l’humanité déchue et l’union du Christ avec son Église. »

   Et Mgr Devoucoux introduit quelques éléments de géographie sacrée :

   «  L’église de Collonge-la-Madeleine est voisine des monts de Rome et de Reme, et le nom de Plottes rappelle facilement Ploto. Il existe deux sculptures antiques représentant Nepos (la prophétie) et  Ploto (le salut). L’une est dans un lieu nommé Gancy qui, en hébreu, signifie union et en grec mariage. GM est la racine du mot  gémeau.

   Le Christ de pierre de l’abbaye de Saint-Martin, élevée sur les ruines du temple de Saron, était représenté sur la croix le corps entièrement perpendiculaire, avec la couronne de pierres précieuses : mais la légende du monastère dit qu’un jour il s’inclina vers un religieux élevé au-dessus de terre par la ferveur de son oraison (…).

   L’idée traditionnelle dont il est ici question est appliquée, dans les loges maçonniques, à l’idée d’égalité civile. L’apprenti quitte ses diamants et passe de la perpendiculaire au niveau. Dans l’enseignement chrétien, tel qu’il est formulé dans l’Église, l’union de la vie d’action et de la vie de repos se fait par la croix, qui concilie les plus hautes questions spéculatives avec les faits les plus ordinaires et les plus pratiques. S. Paul, qui ne connaissait que Jésus et Jésus crucifié, a uni les deux choses dans sa doctrine. L’union de la science et de la foi, de la liberté et de l’autorité, par la pratique des mêmes vertus, à l’aide  des mêmes sacrements, dans l’unité relative de deux conséquences partant d’un même principe absolu est, dans l’iconographie biblique et chrétienne, l’objet de plusieurs symboles réunis dans les deux figures que nous avons reproduites… » ( p.  197-198 )

   L’interprétation nous ramène à un autre enseignement sur lequel il n’est pas inutile de revenir dans l’orientation de la quête du dévoilement des Mystères. Car il s’avère dangereux, derrière l’enivrement de la possession du bien convoité, de saisir ce qui semble à sa portée alors qu’il est temps de se laisser saisir, de porter la main sur les sceaux au lieu de la tenir ouverte, paume vers le ciel :

   « Celui qui croit au Verbe fait chair et admet avec simplicité la foi catholique dont les principes tempèrent l’ardeur de la méditation par le consolant enseignement de la tradition orale, n’a rien à craindre en scrutant la profondeur des 288 émanations qui sont sorties de l’auguste Trinité pour animer  le verbe de l’homme. Car si le Verbe s’est fait chair,  s’’il a habité parmi nous, si les mains des apôtres l’ont touché, si leurs yeux l’ont vu, si leurs oreilles l’ont entendu, comme l’affirme  saint Jean, il est vrai de dire que tous, nous avons reçu de sa plénitude, et que nous savons distinguer sa nature divine de sa nature humaine .

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   Ces 288 émanations sont indiquées dans la base de la pierre de Couhard, qui nous a présenté le nombre 72 sur chacun des quatre côtés de sa fondation, car 72 X 4 = 288. Si les païens attachèrent à ce nombre l’idée grossière des émanations panthéistes, les chrétiens d’Autun leur indiquèrent la véritable interprétation du nombre, en mourant pour attester que la tradition orthodoxe l’avait entendue comme il suit : Qui est semblable à vous entre les dieux des nations, ô vous qui avez été, qui êtes et qui serez ! Saint Symphorien mourut en effet comme les Macchabées, dont le culte était si célèbre dans la ville de Lyon. C’est sans doute le même but qu’eurent les architectes de la cathédrale lorsqu’ils élevèrent les arcs doubleaux de la grande voûte à 72 pieds, et qu’ils poussèrent à une hauteur de 288 pieds, à partir du sol, la grande trompe ou les voix de Marthe et de Marie s’unissaient pour annoncer, par les vibrations de leur airain pesant 17 milliers, l’union de la loi et de la prophétie, du travail et de la prière, des anges et des hommes, dans l’union du Père, du Fils et du Saint-Esprit, représentés par la boule, par la croix et par l’oiseau qui couronnent la flèche. Et  ils se disaient : ceci est bon, car le nombre 17 est précisément le nombre du mot TOB répété dans la Genèse toutes les fois qu’il y est dit : ceci est bon. » (p. 154-155)

   Or ce qui est bon ne s’obtient ni par force ni par ruse pour qui n’en reste pas à l’écorce des choses, si désirable paraisse-t-elle  au premier abord :

   «  Quant à l’arbre mystérieux de la médaille – arbre ou pal entouré d’une figure en spirale identifiée par certains à un serpent sur une monnaie gauloise éduenne – qui a tant de rapport avec l’arbre du bien et du mal, l’arbre aux 5 dangereuses écorces, il a plus d’analogie qu’on ne le penserait d’abord avec ce jeu de la quintaine représentant un homme attaché à un arbre, qui sert de but aux archers. Dans l’histoire de la ville de Chalon, les droits relatifs à la quintaine se lient aux droits relatifs aux Juifs : Quintanam Cabillonis et hommes Judaeos Cabillonenses, an 1232. À Autun, on oppose à cette image de la quintaine celle de  saint Sébastien attaché à un arbre et percé de flèches par les ennemis de Jésus-Christ. (Dans la Bible, la flèche est le symbole de la science d’Enoch et des nombres.) Le nom de saint Sébastien  est la traduction grecque du mot  Augustensis symbolisant l’Octave. Puis quand on étudie la légende de ce saint, on voit que l’Église, dans la dédicace de ses temples, avait à tâche de combattre les idées naturalistes répandues dans tout l’empire romain par les Sévires ou le démon 666. » ( p. 225 )

   Ce qui  demande de revenir à une note plus discrètement renvoyée en bas de page, mais plus explicite, relative au  rituel d’entrée chez  les  bons compagnons  fendeurs de la ville de Mâcon, devoir qui,  aux dires de Mgr Devoucoux, « se rattache aux bons cousins de la forêt de Chaux, dans le Jura, aux Francs-maçons de Moulins et à ceux d’Avallon », ces lieux correspondant à un axe géographique du pays éduen, revêtant une certaine importance puisque cette topographie donne lieu à la  mention historique suivante : 

   «  On verra facilement que cette vente de Mâcon établie en 1751, dans laquelle tous les adeptes portent des noms hébreux, reproduit l’association des dendrophores Eduens. Les noms ont de l’importance, car le personnage qui porte le nom de Melchisedech ne fut ni plus ni moins qu’évêque constitutionnel, quand vint l’heure marquée. » (p.192)

   Au cours de ce rituel, il était demandé au compagnon : « Où le ros fait-il son nid ? »

   À quoi, il devait répondre: « Dans l’île, sur le Verne.»

   Sur ces paroles sibyllines, Mgr Devoucoux enchaîne sur ce qui ressemble à un avertissement :

   «  Que l’on se rappelle du haut de la pierre de Couhard. L’île se dit  en hébreu AI et vaut 11. Ce nombre indique l’attouchement du fruit défendu, la question dangereuse de l’origine du pouvoir ou de la vérité. En y ajoutant le nombre des 5 Klipoth ou écorces, on a 16, nombre de la prophétie, dont l’hiéroglyphe est précisément la vautour de Prométhée.

   (…) On voit pourquoi le ros fait son nid dans l’île sur le Verne. Le nombre du triangle de la pierre de Couhard 56 peut se lire BND, en hébreu  in-nido, – in judicio voluntario. » (p. 198)

   Au sommet de la pierre pyramidale de Couhard, (associée par la  coudée, valant 44, à l’ arbre, ulnus, même valeur guématrique), on distingue le corps d’un homme sans tête debout sur une urne portant  gravé sur son  flanc le mot ZYN.  En regard, la légende mentionne :

   «   44 = DM  sanguis ; 44 = DLI  urna. – un homme coupable, un homme sans tête, une amande ou mandragore et aussi une  corbeille, un signe du  sommeil : en un mot A-DAM sans sa Tête A ou Aleph, symbole de science et de puissance.. »  (p. 167)

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