« Pour la troisième fois depuis le début de la législature, les sénateurs du Front de Gauche ont voté avec la droite sénatoriale.»
La réaction du PS est pour le moins surprenante parce que la position du Front de gauche sur le projet de budget de la sécurité sociale (PLFSS) est claire. Et réaliste.
Certes, le PS-libéral ne manque pas d'avancer que PLFSS version Hollande-Ayrault-Touraine prévoit le remboursement à 100 % de l'IVG et ne comporte pas de nouvelles mesures de déremboursements ou d'alourdissement des taxes, mais il omet de préciser que les fermetures de centres IVG, de services, de lits, de blocs opératoires, de centres de santé et de maternités, ainsi que le manque de personnels continueront en 2013 en raison de choix budgétaires austéritaires.
En l'espèce, ce PLFSS ne marque aucun changement, aucune rupture avec la logique néo-libérale de ses prédécesseurs de droite comme le constate la sénatrice Eliane Assassi du Front de gauche :
« Nous voulions que ce premier PLFSS soit celui qui change la donne. Nous constatons que, en l’état actuel, les recettes prévues ne permettent au Gouvernement ni de desserrer l’étau que génère la crise financière ni de rehausser le niveau de protection sociale dont nos concitoyens ont besoin.»
Ainsi, l'actuel gouvernement a notamment rejeté les amendements du Front de gauche relatifs à l'abrogation des mesures sarkozistes qui pèsent lourdement dans l'accès aux soins des ménages des classes populaires et moyennes :
- les franchises médicales ;
- la fiscalisation des indemnités journalières ;
- le jour de carence ;
- la taxe sur les mutuelles.
Rappelons que dans l'opposition, PS et EELV s'y étaient fermement opposés : cohérence... ?
De plus, d'autres amendements du Front de gauche ont été rejetés tels ceux qui auraient procuré de nouvelles ressources à la sécurité sociale :
- la suppression des exonérations de cotisations pour les entreprises ne respectant pas leurs obligations en matière d'égalité salariale !
- une cotisation sur les revenus financiers qui aurait rapporté plus de 70 milliards à la protection sociale.
En rejetant ces deux amendements, le gouvernement prive non seulement la sécurité sociale de moyens supplémentaires mais en plus, il impose une nouvelle "économie" de 2,5 milliards d’euros sur les dépenses d’assurance-maladie ! Et, en préférant un financement assis sur la fiscalité plutôt qu’un renforcement des cotisations patronales (une partie socialisée du salaire), la majorité PS-EELV pénalise doublement salariés et retraités d'une part, et d'autre part fait un nouveau cadeau au patronat ! Un choix qui devrait être renforcé, dans les prochains mois, quand 40 milliards de cotisations patronales devront être financées par la CSG.
Pour toutes ces raisons, le Front de gauche ne pouvait que s'opposer à un PLFSS placé sous le signe de la continuité au sarkozisme et de l'austérité.
Il semblerait d'ailleurs que chez les professionnels de la santé, proches du parti socialiste, ça commence à déchanter sérieusement si on en croit un billet fort instructif de Christian Lehmann dont nous citons, ci-dessous, la conclusion :
« Alors si le changement, maintenant, François, c’est d’enterrer le système de sécurité sociale né de 1945 en intégrant clairement les complémentaires dans la gestion du système, comme cela s’est longtemps fait aux USA du fait de l’absence d’une assurance maladie solidaire, pourquoi pas ? Si les caisses sont à sec, si l’Assurance-Maladie sous gouvernance est incapable de financer correctement le système, pourquoi pas ? Mais dans ce cas, pour un Président de gauche, le courage serait de le dire franchement aux citoyens, ceux qui t’ont élu, et les autres. Que les premiers sachent qu’ils se sont fait berner, et que certains des autres puissent poser leur réservation au Fouquet’s. »