Magazine France
Nicolas Sarkozy ne voulait pas partir. C'était la seule conclusion que nous pouvions tirer du fiasco électoral à l'oeuvre à l'UMP.
Quand il s'est retiré, au soir du 6 mai dernier, il était difficile d'imaginer qu'il oeuvrerait à la transition du pouvoir au sein de son ancien parti. L'UMP n'avait plus de président depuis qu'il était lui-même président de la République. Car la Sarkofrance et l'UMP ne faisaient qu'une et indivisible depuis mai 2007. Réunions de travail, points hebdomadaires, rencontres avec les parlementaires, tout se faisait dans les locaux même de l'Elysée. Les orangeades, cafés et petits-fours étaient offerts par la République reconnaissante au premier parti de France.
Quand il s'est retiré, on le savait trop narcissique pour aider ses proches à reconstruire un outil de reconquête électorale pour 2017. Il s'imaginait en recours caché. Sarkozy, jeune comme de Gaulle en 1946, attendait son mai 1958 entre la plage du Cap Nègre et les richissimes villas marocaines ou canadiennes que des milliardaires lui prêtaient. Son RPF (*) était logé entre la rue de Miromesnil et la Villa Montmorency à Paris.
A minima, on espérait que Sarkozy aurait mis les formes. Une association de financement de son action avait été créée par quelques proches reconnaissants. C'était l'un de ses obscurs micro-partis personnels qui fleurissaient un peu à gauche mais surtout à droite depuis une décennie. On espérait que Sarkozy soutiendrait Copé ou Fillon. Le premier n'était pas vraiment sarkozyste mais il avait repris toute l'antienne extrême-droitière de l'ami Patrick Buisson. Le second était un fidèle premier collaborateur trop faible pour critiquer le bilan, trop fier pour se retirer après la défaite.
La recomposition interne de l'UMP fut étonnante: Alain Juppé, la figure tutélaire du chiraquisme, refusa de s'engager. Une fraction des plus à droite du parti (le Monsieur Sécurité Eric Ciotti, le chantre du Cancer social Laurent Wauquiez) s'engagèrent auprès de François Fillon. Des centristes tels Jean-Pierre Raffarin préfèrent Jean-François Copé pour son sens du débat interne... Ahem...
Lundi vers 23 heures, plus de 24 heures après la clôture des votes internes, le résultat était enfin proclamé. Jean-François Copé, le candidat prétendument inattendu, l'emportait de peu et son rival lui concédait la victoire. Copé président de l'UMP, c'était l'aboutissement d'un jusque-boutisme qui favorisera la recomposition du centre.
Ou pas.
Sarkozy recevait beaucoup, téléphonait souvent, mais ne soutenait personne. En fait, nous comprîmes trop tard, dimanche 18 novembre dans la soirée, qu'il faisait campagne pour le bordel à l'UMP et lui-même en 2017.
Ce Congrès de Reims version UMP avec triches, menaces et déchirements, il l'avait voulu, souhaité, favorisé.
Merci Nicolas.
Nous t'attendons.
(*) Rassemblement du Peuple Français créé par le général de Gaulle en 1947