Par Bernard Vassor
Le dimanche 10 juillet 1864,nous apprend le "Moniteur du soir" du lendemain, une catastrophe est arrivée sur la Saône.
Des bateaux à vapeur, les Mouches font un service régulier de Vaise à Perrache. Ce parcours si fréquenté fournit un nombre considérable de voyageurs à ces bateaux qui portent le nom général de Mouche et qui sont distingués par des numéros 1, 2, 3, etc.. comme les omnibus parisiens. C'est sur le numéro 4 que l'accident s'est produit. A 2 heures et demie, toutes les personnes qui se trouvaient sur le bateau à vapeur, effrayée par ses mouvements erratiques, se sont jetées d'un seul côté, la Mouche s'est penchée sur son flanc, la balustrade a été brisée et les passagers précipités par dessus bord comme vidés dans la Saône. Au bout de quelques minutes on a vu apparaître des bras, des jambes, des têtes battant l'eau desepérément, certaines femmes avaient même leurs mains crispées sur leurs ombrelles ouvertes. Il faisait un soleil torride, et les quais étaient à peu près désert. Il fallut un certain temps avant que les victimes du sinistre aient put recevoir quelque assistance. Puis, sont arrivées les barques de la Compagnie mobile de sauvetage dont les mariniers firent de leur mieux pour venir en aide aux survivants et récupérer les morts. A six heures du soir, trente corps sans vie furent alignés sur le pont de l'Abeille et ceux qui n"étaient pas valides furent conduits à l'Hôtel-Dieu ainsi que les cadavres ensuite déposés dans la cour, pour que des proches puissent venir les reconnaître. Ce dimanche noir, en famille fut pour beaucoup de lyonnais, et dans toutes les maisons une journée de désespoir, d'attente angoissée, passant parfois de la tristesse à la joie, ou de l'inquiétude à la cruelle vérité.