J’avais lu en son temps qu’au Nord de l’Angleterre des « antivols » électroniques - généralement utilisés pour les alcools et les vêtements entres autres produits - avaient été placés sur des barquettes de viande dans des magasins de la grande distribution. Nul hasard, les Britanniques souffrant autant que la plupart des Européens de la crise économique, du chômage et de toutes les politiques de rigueur et d’austérité. Or, à Lille un supermarché de la chaîne « Match » vient d’adopter la même mesure pour la viande de bœuf vendue sous la marque Charal - plutôt chère (de 25 à 30 € le kg pour le faux-filet « grand cru ») - dont les responsables affirment n’avoir jamais donné de consignes dans ce sens.
Dire que ces antivols sur la viande font polémique (Metro 7 nov. 2012) est un pur euphémisme, comme le relève Mathieu Pagura. J’apprends d’ailleurs avec surprise que les lames de rasoir sont protégées de la même façon mais par une bande magnétique (plus discrète). Leur petit format expliquant sans doute qu’elles soient souvent dérobées. L’antivol noir ornant l’emballage ne brillait pas précisément par sa discrétion. Mesure de dissuasion ?
Selon un flash du Figaro A Lille, des antivol sur la viande (5 nov. 2012) d’autres magasins de la même enseigne utiliseraient cette technique dans la Région Nord-Pas-de-Calais (elle est surtout implantée dans le Nord et l’Est de la France) et cet été des antivols auraient été posés dans un autre magasin de Match à Lille sur des saucissons hauts de gamme.
La mesure est diversement appréciée par la clientèle d’après ce qu’en rapporte Olivier Aballain Un magasin lillois met des antivols sur la viande (20 minutes 5 nov. 2012) qui sous-titre « Un magasin lillois a franchi le pas en mettant en place ces antivols sur certains paquets de viande… ». Est-ce à dire que d’autres magasins de cette enseigne et d’autres de la grande distribution s’y mettront ? Cela n’a rien d’impossible dans la mesure où ils se plaignent de larcins de plus en plus nombreux, les vols de nourriture égalant sinon dépassant désormais ceux - relativement traditionnels - d’alcool.
Néanmoins, et selon un vigile d’un autre magasin Match « je n’ai jamais vu quelqu’un sortir avec un paquet de viande ». A part une personne qui trouve cela « normal » la plupart des clients interrogés y voient la marque de la pauvreté croissance « ça veut quand même aussi dire que les gens crèvent de faim, quelque part » affirme une cliente. Constat partagé par Jean-Yves Vasseur qui prépare la campagne hivernale des restos du Cœur dans la métropole lilloise « C’est inquiétant. Si l’on doit voler de la viande pour manger, on en revient au temps de Jean Valjean »…
Je ne vous ferais pas l’injure de penser que nous ne connaîtriez point le héros des « Misérables ». Se souvenir qu’à cette époque l’on envoyait au bagne (et donc aux galères) pour le vol d’une miche de pain. Un autre client ironise d’ailleurs : « Maintenant tout se vole, bientôt on mettra des antivols sur le pain »…
Sans doute pas ! D’abord, le pain n’est plus l’élément de base qu’il fut jadis. Ensuite, sauf les pains un peu spéciaux, le pain ordinaire vendu dans la grande distribution est en règle générale absolument dégueulasse. Ce n’est d’ailleurs même pas du pain comme on l’entend - de la farine, du sel, de l’eau et de la levure (ou du levain pour la qualité supérieure). Intéressez-vous aux étiquettes - il faudra que je pense à les copier. Vous y trouvez une foule d’ingrédients de tout genre plus propres à figurer dans les éprouvettes d’un chimiste !