Le premier cas, en Australie, s'appuie sur PayPal Here, la réponse de la filiale d'eBay à Square. Comme je l'avais noté lors de son annonce, cette n-ième tentative de clonage semble beaucoup plus réfléchie que les autres (notamment celles qui ont cours en Europe) car, loin de se contenter de proposer une solution d'encaissement sur téléphone, avec l'indispensable accessoire de lecture de cartes de paiement, elle s'intègre également avec le porte-monnaie mobile du client, à l'instar de Square Wallet.
Or, c'est justement de ce côté que l'expérimentation australienne s'aventure, en copiant cette fois le principe du "paiement automatique" de Square. Comment cela fonctionne-t-il ? Lorsque le client se trouve à proximité d'une boutique partenaire, l'application PayPal installée sur son smartphone l'enregistre automatiquement ("check-in") auprès du terminal de point de vente du commerçant. Ce dernier peut alors imputer directement les achats sur son compte, après avoir vérifié son nom et sa photographie, sans que le consommateur n'ait la moindre action à réaliser.
Par rapport à son "inspirateur", PayPal ajoute une touche de confort supplémentaire, en permettant à l'utilisateur de sélectionner a posteriori la carte (ou toute autre modalité de paiement disponible) à laquelle sera affectée la dépense, s'il en a lié plusieurs à son compte.
Logiquement, parmi les services complémentaires désormais "habituels" dans le domaine, les options "marketing" sont aussi présentes pour, par exemple, proposer des offres spéciales (promotion, cadeau...) lorsque le client est dans le voisinage d'une boutique ou bien pour gérer un programme de fidélité.
Une différence importante entre cette implémentation et l'approche de Square est que PayPal choisit d'intégrer sa technologie au terminaux de point de vente existants et non de développer sa propre solution (cf. "Square Register"). Ses multiples partenariats avec les fournisseurs du secteur lui permettent de s'affranchir de cet effort et, surtout, de séduire des marchands déjà équipés. Il paraît cependant probable qu'une application dédiée émerge rapidement une fois passé le stade de l'expérimentation (le cas échéant).
En résumé, le dispositif repose sur une application mobile dédiée et l'installation de QR codes dans les commerces partenaires. Lorsque l'utilisateur aperçoit un article qui l'intéresse dans une vitrine, il lui suffit de scanner le code du marchand pour "entrer" dans une boutique virtuelle sur son téléphone et commander en un clic le produit repéré (qu'il pourra payer via PayPal, bien entendu).
L'idée sous-jacente est de prolonger ainsi les horaires d'ouvertures des commerces "en dur" et de permettre aux consommateurs de satisfaire leurs envies d'achats (impulsifs ?) même au milieu de la nuit. Naturellement, l'objectif est aussi de limiter les transferts de dépenses vers la concurrence du commerce en ligne.
Malgré les Cassandre qui estiment que PayPal a perdu sa capacité d'innovation et va progressivement s'effacer au profit des nouveaux "disrupteurs", l'entreprise n'entend pas se laisser distancer dans la course au "nirvana" du paiement et du commerce sur mobile. Sa stratégie consistant à multiplier les expériences, toutes différentes, qui trouve encore ici une illustration exemplaire, se révélera inévitablement plus payante que celles qui s'enferrent dans un modèle unique dont personne ne veut.