Il est tentant de comparer le fiasco de l'UMP à ce qui s'est produit à Reims entre Ségolène Royal et Martine Aubry. Sur le respect des règles démocratiques élémentaires, il y a de quoi et personne n'a de leçon à donner. Il semble bien que nos politiques soient à peu près aussi vertueux que nos sportifs : dés qu'ils en ont l'opportunité, ils n'hésitent pas à tricher (mais sont-ils les seuls : ne rencontre-t-on pas pareilles pratiques dans toutes les associations et organisations où l'on vote?).
Il y a cependant une différence majeure entre ce qui s'est produit au PS et ce que vit aujourd'hui l'UMP : la fracture au PS portait sur des personnalités, beaucoup ne voulaient pas, ne voulaient plus de Ségolène Royal qu'ils considéraient comme incontrolable, mais si différences politiques il y avait entre les deux candidates, elles étaient mineures et tout sauf insurmontables. Dans le cas de l'UMP, c'est différent. Au delà de la bataille des egos, il y a un projet politique différent. Copé, proche en cela des militants, a choisi de se rapprocher dangereusement du Front National et de ses thèmes. Fillon, plus sensibles aux attentes des électeurs de droite est resté plus mesuré, plus fidèle à la ligne de Chirac. Et cette fracture politique ne va pas disparaître. Bien au contraire, elle devrait se creuser alors qu'à la droite comme au centre, on devine des candidats à la reprise d'une partie des troupes déboussolées de l'UMP. Le FN ne tardera pas à faire des appels du pied aux élus et aux militants proches de Copé et Borloo fera de même avec tout ce que ce parti compte d'anciens MRP, UDF, humanistes.
Il est peu probable que l'UMP explose immédiatement, ils ne sont pas à ce point suicidaires (encore que leur comportement de ces dernières heures pourrait le faire penser), mais elle devrait subir une lente érosion avec des élus insistant, d'un coté, pour des alliances avec le FN et, de l'autre, pour un rapprochement avec les centristes. Beaucoup dépendra des situations locales, de la puissance du FN, de la sensibilité des élus de droite… mais cette élection ratée pour cause de division profonde des militants laissera des traces profondes, bien plus qu'au PS où, une fois évacuées les blessures d'ego, tout a pu repartir.