es prochains prix littéraires devraient logiquement couronner à terme des auteurs à visibilité médiatique maximale, dans la quête du tout-terrain littéraire qui les occupe. Lesquels auteurs devraient ramener les retours sur investissement nécessaires au fonctionnement des machines éditoriales réglées sur le mode profit.
Le livre ne s'en trouvera pas forcément remis à la première place qui fut sienne il y a bien plus longtemps que nous ne l'imaginons. Au contraire, il reculera dans les rangs de la domesticité, définitivement en tenue XIXe dont le dégradé de grisaille conviendra parfaitement à la récurrence et la superficialité de son pidgin.
Il se noie, aujourd'hui. On le noie dans le commerce sans retour saluant ces hiérarchies équivoques ou carrément serves qui placent au sommet de l'art les best-sellers d'écrivains sans caractère ou à nègre.
Le monde a changé. Non pas de base ; comme hier la plupart des auteurs et des éditeurs au marges de la broyeuse savent encore la valeur d'un texte et qui fait des livres ou sa pelote.
Mais visibilité VS qualité.
Le livre se bat dos au mur contre ce maelström médiatico-marchand qui l'exhibe pour mieux le défaire, contre l'éternel bombardement d'images, contre cette présence permanente des écrans saturant les imaginaires, comprimant le temps et donnant à chaque chose une valeur calculée en micro-secondes d'exposition.
Le Livre n'est qu'une bombe à fragmentation lente, un top-model en haillons, un orateur endormi. Il susurre, s'infiltre et nourrit les imaginaires. Le livre murmure dans l'ombre "Écoutez, il y d'autres mondes tous aussi singuliers, tous aussi étrangement homologues au vôtre."
Le philosophe peut-il lutter contre le sophiste ? Non, bien sûr. Alors, soyez visible, soyez vainqueurs. On vous assurera que vous n'êtes pas mort.