Il y a un haro général sur le nutella depuis trois quatre ans et sur l'huile de palme en général. Je juge particulièrement hypocrite de taxer l'huile de palme au prétexte qu'elle serait dangereuse pour la santé.
De deux choses l'une : soit elle est vraiment dangereuse et interdisons-là, soit elle ne pose pas de problèmes et dans ce cas, le projet de taxation est surtout un bon prétexte pour remplir les caisses de l'État à peu de frais sur le dos des consommateurs.
Le Nutella est devenu le nouvel emblème du diable oléagineux. En fait, le surcoût pourrait entraîner des consommateurs à se tourner vers des pâtes à tartiner toujours plus low-cost. Pas sûr que notre pays y soit gagnant en termes de santé publique.
L'huile de palme est à l'origine un aliment traditionnel truffé de bêta-carotènes (donc, un bonheur pour favoriser la protection contre le cancer). Le vrai problème n'est pas l'aliment en tant que tel mais sa préparation dans notre alimentation qui en détruit les vertus et en favorise les aspects néfastes.
La production massive d'huile de palme tend également à réduire la bio-diversité et à provoquer des déforestations massives de palmeraie quand les palmiers sont devenus trop haut.
Il vaut mieux, dans ces conditions, mettre en avant les nécessités d'un commerce équitable et environnementalement respectueux. Mais ça, c'est l'affaire des associations. Si l'État veut jouer un rôle positif, à lui de créer un environnement juridique et fiscal amical pour les associations de consommateurs.
Unico, une enseigne que j'apprécie généralement, a choisi de court-circuiter l'information culinaire et diététique en renvoyant à l'huile de palme les maux qui assaillent nos sociétés d'abondance avec un message simple pour ne pas dire simpliste.
Il vaudrait mieux s'engager sur la manière dont l'huile est extraite et sa préparation. C'est la cuisson et l'ajout d'autres produits qui la rendent néfaste.
Au fond, toute cette polémique qui s'est déplacée sur le terrain économique et moral relève pourtant d'une science élémentaire bien connue de nos Anciens : la diététique.
Ce n'est pas de consommer du nutella qui est fâcheux pour la santé. C'est d'en consommer trop. Et il en va ainsi de la plupart des aliments.
On peut alors se demander si la gestion des caractéristiques de notre alimentation est une responsabilité individuelle ou collective (donc étatique).
Je persiste pour ma part à considérer que le consommateur est raisonnable à condition qu'il dispose des informations adéquates. C'est sur ce terrain, bien opaque, qu'il convient de se battre.
Cette bataille n'est pas fondamentalement différente de celle que je mène pour le made in France et plus généralement le marquage d'origine. Ce par quoi nos marchés pèchent, c'est par l'opacité des informations qui devraient figurer sur chaque produit et les mesures en, catimini votées dans d'obscures commissions.
Apprenons aux enfants à lire les étiquettes des aliments, contraignons par la loi les entreprises agro-alimentaires à afficher vraiment ce qu'elles glissent dans leurs produits, mais finissons-en avec ces farces grotesques autour des taxes ou alors, que le gouvernement ait le courage de dire qu'il cherche à équilibrer les comptes de la nation et que sa taxe sur l'huile de palme a vocation à l'y aider...