Clint Eastwood est de retour devant la caméra pour jouer ce qu’il sait faire de mieux dans un film à la morale américaine conservatrice sortie de la naphtaline avec une Nouvelle Chance.
Quand il ne tourne pas lui-même un film, Clint Eastwood se laisse facilement embobiner par ses collaborateurs et cela fait un moment que ce n’était pas arrivé. C’est ainsi qu’on le retrouve dans Une Nouvelle Chance, film de son fidèle producteur et assistant-réalisateur Robert Lorenz. Il y incarne un découvreur de talents spécialisé dans le baseball proche de la retraite. Un personnage comme Clint les aime, un vieux bougon solitaire endeuillé et éloigné de sa fille qui a même maintenant du mal à pisser et qui perd la vue.Évidemment, un vieux dans un monde du sport en plein changement, on a déjà vu ça et on voit tout de suite se profiler la lutte entre les méthodes anciennes et humaines où il faut aller sur le terrain et avoir de l’expérience pour découvrir le talent pur, et les nouvelles méthodes informatiques et statistiques où les joueurs sont devenus des chiffres et les gérants de clubs ne sont plus aussi proches de leurs poulains. La suite, on la connait, c’est évidemment ce bon vieux Clint qui a raison sur toute la ligne depuis le début.
Et tout le film est ainsi bourré de clichés sur l’american way of life à l’ancienne. La fille de Clint, business woman, va ainsi débarquer pour rétablir le dialogue familial qui n’a pas eu lieu depuis 20 ans et en apprendre plus sur son abandon avant de se dire que finalement, sa vie est de marcher dans les traces de son père plutôt que devenir une brillante avocate à la ville. Et évidemment, il faut assurer la relève et c’est à son tour un ancien joueur recruté par Clint qui va pointer le bout de son nez et taper dans l’oeil de la miss en mal d’amour. La suite, je suppose que vous la voyez déjà venir, pas besoin de la raconter.
Soyons clairs, des films avec ce genre d’histoire, il s’en produit des dizaines chaque années aux USA, pour le cinéma ou la télévision, et si il sort en France c’est bien parce qu’il y a ce bon vieux Clint. Car pour le reste, c’est très dispensable, que ce soit du côté des comédiens (Clint qui fait la gueule, Justin Timberlake qui ne peut s’empêcher de montrer ses abdos dans une scènes inutile et ridicule et le retour inattendu d’un Matthew Lillard complètement casse-pied), de la réalisation sans intérêt et qui aime les gros ralenti pour créer l’émotion ou de l’écriture remplie de clichés.
Pour ce qui est de l’expertise sportive du film, on évitera d’en parler puisqu’il ne l’aborde en surface (très loin du Stratège donc) pour se concentrer sur la trame familiale mais ça n’en fait pas pour autant un bon film. Cette année, il y avait pourtant Nouveau Départ qui jouait un peu sur le même esprit (les bonnes valeurs américaines et familiales loin de la ville), mais n’est pas Cameron Crowe qui veut et ici tout est forcé et amené de manière assez lourde sans provoquer vraiment d’émotion (ou alors tellement superficielle que ça en devient ridicule, provocant un facepalm permanent devant le film).
Finalement, la seule chose que l’on pourra peut-être sauver ici, c’est la prestation d’une Amy Adams, rayonnante et naturelle, qui porte le film sur ses épaules en faisant preuve d’un minimum de sincérité. Pour le reste, on préférera oublier pour attendre le prochain film où Eastwood nous parlera lui-même de sa retraite et des questionnements sur son héritage au lieu de laisser ça à quelqu’un d’autre.