Alors que le dancehall a vu l'émergence d'artistes comme Tommy Lee, Popcaan, Jahvinci, Black ryno, Konshens, Pattex, Shawn Storm ou encore Flexx, et malgré la "re-émergence" des groupes de reggae, le reggae-roots a réussi à mettre en valeur que très peu de nouveaux artistes, on pense principalement à Protoje, Underground Rootz ou Iba Mahr. L'argument souvent utilisé par les passionés est qu'une chanson qui devient un hit est un titre chanté par les jeunes. Si tel est le cas, certains des jeunes artistes cités ci-dessus ne devraient pas être mentionnés.
Contrairement à Popcaan, Tommy Lee et Konshens, combien de jeunes artistes reggae peuvent se vanter que leurs chansons sont populaires et sur les lèvres des jeunes jamaïcains? Et pourquoi est-ce si difficile pour les artistes reggae-roots de se développer aussi vite que les artistes dancehall?
Des rythmes et du tempo à revendre
Selon DJ Amber (radio), l'attraction des jeunes plus pour le dancehall que pour le reggae est dûe au déséquilibre des passages à l'antenne ainsi qu'au rythme, au tempo des chansons dancehall."Je pense que le rythme a quelque chose à voir avec cela. Les jeunes aiment la musique qui les fait bouger. C'est dommage que certains artistes, sur des rythmes rapides, ne fassent pas des chansons plus positives à écouter", explique Amber.
"Ce n'est pas qui ne veulent pas écouter les artistes reggae, mais c'est le rythme, et malheureusement, la plupart du temps, les messages les plus durs sont ceux qui sont les plus promus. Je pense que le reggae devrait être restauré sur les stations de radio. Nous avons besoin d'un équilibre 50/50 parce que nous aimons les deux", conclue Amber.
Après vient le "battage médiatique" ...
Selon les Twin of Twins (paul & patrick gaynor) qui ont récemment formé le Leadership For Empowerment of Artistes and Dancehall (LEAD), le domaine de la musique jamaïcaine moderne est bien plus médiatisé qu'avant. "Il y a un certain nombre de facteurs. Les gens ont été conditionnés à croire en la grande médiatisation, et la musique reggae est plus sur du long terme, ce qui explique pourquoi le reggae durera plus longtemps et que les chansons dancehall dureront cinq semaines. Le reggae c'est comme du "ghetto gospel" et le dancehall est comme l'enfant rebelle du reggae", déclare Patrick Gaynor."Les gens qui écoutent du reggae sont ceux qui comprennent la vie à un niveau spirituel et ne seront pas mis avant selon certains critères, afin de ne pas se retrouver au premier plan. Le dancehall est plus "laïc", et les jeunes veulent de ce battage médiatique qui leur est vendu, parce que c'est la façon dont le système marche", poursuit Gaynor comme si la sur-médiatisation était un gage de qualité.
Une popularité "dommageable"...
Gaynor croit que la culture du "bling-bling" est préjudiciable à la popularité des artistes reggae qui restent loin de la nature beaucoup plus "voyante" du dancehall. "La culture bling-bling est le problème et les gens perpétuent cela auprès des jeunes. Mais la musique reggae est bien vivante et les gens qui la comprennent , l'apprécient." Gaynor croit en une unité musicale qui serait une solution pour réduire ce côté bling-bling... "Nous devons être une unité avec un seul objectif. Nous avons besoin d'avoir une norme pour la musique. Bob Marley est un excellent exemple. Il n'était pas aimé. En fait, ce qui l'a tué c'est son travail et ce qu'il représentit, mais il continuait dans cette croyance".
Patrick gaynor révèle aussi que certains artistes reggae ont eux-même rejoint tout ce battage médiatique autour du dancehall afin de rester sous les feux des projecteurs. "Faites de la musique qui compte et ne coulez pas sous le glamour et les paillettes, parce que personne ne peut être médiatisé pour toujours", conclue-t-il.
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Source :
Jamaica Gleaner