19h50. Dans le QG de la France forte, les drapeaux virevoltent encore. Les estimations sorties des urnes qui donnent François Hollande vainqueur sont-elles fiables?
A 20h00, pourtant la messe est dite: les militants de gauche applaudissent et scandent joyeusement " on l'a viré, on l'a viré".
A droite, Sarkozy apparait pour un dernier tour de piste, comme un chanteur qui viendrait faire dignement ses adieux à la scène.
Ce fut sans doute le discours le plus respectable de son quinquennat, après dire si celui-ci était sincère, c'est une autre histoire.
Qu'importe, hier, le pouvoir a changé de camp et s'ouvre avec François Hollande un nouvelle façon de faire de la politique.
Sans croire aux lendemain qui chantent, à une révolution institutionnelle, cette victoire, c'est aussi la fin d'un clan et d'un système.
Hollande devra mettre en place sur le plan des Institutions, une présidence normale:
Face à une politique brouillonne, inconséquente, imprévisible et inique, Hollande devra hiérarchiser les priorités et associer (si les législatives vont dans le même sens que que les présidentielles) un Parlement aujourd'hui devenu une chambre d'enregistrement. La loi qui sous Sarkozy était la seule réponse à un problème public, devra être un moyen d'atteindre un objectif.
Hollande devra mettre en place une présidence anti bling-bling: il devra en particulier mettre fin à un système gangrené par le népotisme et les parvenus. Le nouveau Président de la République ne pourra pas faire ses réformes sans mettre en place une présidence exemplaire.
Le choix de faire le premier discours post-électoral à Tulle participe déjà d'une façon différente de faire de la politique. C'est la fin de la politique "fouquetienne", décomplexée dont la finalité des liens avec la "bourgeoisie d'affaires" pouvaient légitimement interroger.
Une "bourgeoisie d'affaires " qui, "devenue gouvernement, prit un air d'industrie privée: elle se cantonna dans son pouvoir, et bientôt après, dans son égoïsme, chacun de ses membres songeant beaucoup plus à ses affaires privées qu'aux affaires publiques, et à ses jouissances qu'à la grandeur de la nation".
Pour ce faire, François Hollande devra mettre fin au retro-pantouflage ( passage du public vers le privé) et construire pendant sa présidence des règles d'éthiques nécessaires au bon fonctionnement de la démocratie.
Hollande devra aussi revoir le fonctionnement de la fonction publique: réformer l'ENA et mettre fin au système de classement parait indispensable pour faire évoluer l'administration française et ses hauts-fonctionnaires pour que ceux-ci répondent d'abord à la restauration et à la restructuration du service public.
http://lexilousarko.blog.fr/2008/09/26/l-ena-le-mal-fran-ccedil-ais-4785125/
Cette réforme, plus juste et plus ambitieuse que la RGPP, qui avait pour finalité les économies budgétaires et et le laminage des politiques sociales devra partir des besoins, des secteurs en souffrance pour ajuster les postes dans les ministères les plus nécessiteux.
http://lexilousarko.blog.fr/2008/04/06/pour-une-societe-du-minimum-l-education--4003771/
Enfin, le devoir d'exemplarité devra aussi être au rendez-vous d'un système politique renouvelé. La fin du cumul des mandats, le fait de rendre les politiques condamnés pour des fonctions de corruption non éligibles, la promotion de la parité sont des indices de changement à venir.
Personnellement, je n'ai jamais trop cru à François Hollande et si j'ai voté pour le parti socialiste, je l'ai fait avant tout sur le projet.
Je l'avais d'ailleurs comparé, gentiment à une tortue, qui s'était égarée sur le chemin de la présidentielle.
http://lexilousarko.blog.fr/2010/01/10/francois-hollande-ou-la-non-destinee-presidentielle-7731072/
Vendredi, le New York Times reprenait cette image d'une tortue qui avait imposé à la campagne" son propre rythme.
Aujourd'hui, le trionyx a réussi à se créer sa destinée présidentielle, et le candidat que l'on attendait pas pourra être, demain, celui, que nous découvrirons tous!
PS: Certains commencent à se désinscrire de mon blog comme si cet article sonnait la fin de 5 ans d'articles.
Je ne sais pas encore quelle forme prendra la suite de "Pourquoi Sarkozy est un danger pour la France" mais le plaisir que j'ai à vous retrouver ici lecteurs anonymes de lexilousarko me laisse penser que même si Sarkozy a laissé la place, je crois que, moi, je vais récidiver.
Merci en particulier à ceux qui laissent des commentaires ou m'envoient régulièrement des messages.
A bientôt
Xylophon