Pitch.
Des individus, morts à des dates différentes, reviennent quasiment en même temps dans la petite ville de montagne, dominée par un barrage, qu'ils habitaient autrefois. Dans le même état physique et psychique qu'ils avaient en disparaissant, ignorant qu'ils sont morts, les revenants veulent reprendre leur place qui n'existe plus : l'adolescente séparée de sa soeur jumelle, l'ancien fiancé d'une future mariée, un petit garçon seul au monde, un serial killer... De surcroît, leur arrivée semble déclencher des bouleversements bien plus lourds que le choc de leur retour...
Quand j'ai vu l'affiche et le teaser des "Revenants", je me suis dis "tiens! ça me rappelle les "4400" mais quand j'ai eu l'occasion de voir les premiers épisodes, j'en étais venue à me dire "il y a quelque chose de "Twin peaks" dans cette série, excusez du peu... Comme quoi une série française peut frapper fort (aussi) et on l'a vu dans le cadre de certaines créations originales Canal+ comme "Pigalle, la nuit", "Mafiosa", saisons 3 et 4, (voire "Maison close"). Mon grand problème (perso), c'est que d'abord, j'ai vu deux épisodes dans le cadre d'une avant-première au cinéma "Le Nouvel Odéon" à Paris, ensuite, j'ai pu visionner les épisodes 3 et 4 et puis, basta!
photo Canal+
Périlleux, ce choix, dans le cadre d'un film choral, de s'appesantir sur quatre personnages tout en laissant entrevoir tout ce qui déraille dans leur entourage, tous les secrets que dissimule cette petite ville. Etonnant comme cela créée une sacrée ambiance fantastique, délétère, cette normalité qui bascule insidieusement, lentement vers les abysses, la clé du malaise garanti pour le spectateur (beaucoup plus que des coups d'éclat mais il y en a quelques uns). Petite ville de montagne, on le suppose car on voit surtout des lieux privatifs isolés, récurrents, comme la maison des parents de Camille, la maison d'Agathe, l'appartement de Julie, le bar "Lake pub", l'association caritative "La Main tendue", etc... et aussi des paysages immobiles, imposants, asphyxiants (le tournage a eu lieu dans la région d'Annecy). Le film choral où le quotidien bascule imperceptiblement dans le fantastique, Fabrice Gobert connaît, c'est parce que dans son premier et excellent long-métrage, "Simon Werner a disparu", il réussissait à installer le trouble et l'angoisse dans le quotidien d'un lycée, où, soudain, un élève manquait à l'appel, que les distributeurs sont allés le chercher pour réaliser la série "Les Revenants", librement adaptée d'un film de Roland Campillo réalisé en 2004. Du fantastique qui ressemble au réel ou comment, au départ, faire émerger cette étrangeté du réel pour au fil des épisodes, abandonner, peu à peu, le réel pour privilégier l'étrange, tout en y emmenant le spectateur avec lui, c'est ce qu'on attendait de Fabrice Gobert. Dans le DP, le réalisateur dit que ce que son objectif était que les spectateurs soient prêts à croire au dernier épisode ce qu'ils auraient refusé de croire aux premiers!
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épisodes 1/4 :
Des individus reviennent chez eux en ignorant qu'ils sont morts (leur point commun) mais aucun n'est mort à la même période. Quatre ans après un accident de car où une classe de 38 élèves en excursion a trouvé la mort, Camille revient chez elle avec l'âge qu'elle avait quand elle a disparu. Camille a une soeur jumelle, Lena, qu'elle retrouve différente, grandie, agressive, rebelle. Contrairement à leurs parents, Lena n'est pas ravie du retour de sa soeur jumelle. Il faut dire que Lena vit avec la culpabilité qu'elle a détourné le grand amour de Camille le jour de l'accident du bus mais comment sa jumelle le saurait-elle? Idem pour Simon, le jour de son mariage avec Agathe, enceinte, il était absent, victime d'un accident mortel, du moins c'est la version officielle. Quand Simon revient 7 ans plus tard, Agathe, son ancienne fiancée, s'apprête à épouser Thomas, capitaine de gendarmerie un brin parano qui épie sa future épouse par webcam interposée. Car les couples se sont défait durant toutes ces années. Claire, la mère de Camille, séparée de Jérôme, son mari, aux réactions incontrôlables (a-t-il battu sa fille Lena?), a une relation mystico-amoureuse avec Pierre, le très catholique directeur de "La Main tendue". Jérôme, qui avait quitté Claire et la maison familiale dans l'intervalle, a notamment fréquenté Lucy, serveuse au "Lake bar", mystérieuse jeune femme, apparue en ville depuis un an, qui, au delà de la prostitution, apporte du réconfort aux hommes à sa manière.
Julie, la première victime du "Cannibale", a sombré psychologiquement après son agression, à la dernière image du second épisode, on montre le ventre de Julie, bardé de cicatrices, générique de fin... Le "Cannibale" a été éliminé autrefois mais par qui? "Revenant" aussi, le terrain de jeu du serial killer "dévoreur" d'entrailles, le souterrain qui mène du "Lake pub" à nulle part, reste inchangé et Tony, son frère, patron du pub, n'a pas l'air rassuré par son retour. Quand Julie accepte de recueillir Victor, elle ignore s'il est ange ou démon, bientôt, Laure, son ex-compagne, devenue flic, le lui enlève et confie le petit garçon à l'association "La Main tendue" dirigée par Pierre, le compagnon de Claire, la mère des jumelles.
A la fin de l'épisode 4, c'est épouvantable de stopper car on a l'impression qu'on sait (ou presque)!!! Lena s'échappe de l'hôpital, Simon couche avec Agathe, Julie accepte avec réticence de revoir Laure, Victor, pensionnaire de "la Main tendue", est confronté à Pierre, son directeur, obsédé de rédemption...
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