Donc je feuillette les ouvrages, j’en peux plus. J’ai vingt boules dans mon porte-fric et je sais pas quoi choisir. "Toutes Mes Solitudes" sorti il y a 3 jours ? "Ceci n’est pas une histoire de dragon" parce que justement, c’est trop bien les dragons ? Finalement, y a un type qui me fait de la concurrence pour le dernier exemplaire de "Ménageries", alors c’est celui que je choisis (à vingt balles, aight). C’t’un livre de Jean-Philippe Baril Guérard, aux Editions de Ta Mère. En plus y a une histoire de licorne dedans alors hein, pas le choix faut y aller.
Ce week-end j’ai donc lu un bouquin que j’ai acheté. Il était vendu comme un recueil de contes illustrés pour adultes. En fait, c’est quatre histoires brèves pleines de cul et d’alcool racontées avec l’accent québecois. Ca chantonne dans ta tête quand tu lis. Par exemple dans cet extrait choisi :
"J’haïs les licornes. Me semble qu’un cheval c’est déjà beau non ? Ben d’abord si c’est un beau cheval, pourquoi faudrait qu’y ait une corne ? Je vas vous le dire, pourquoi. C’est parce que les licornes, ç’a juste été inventé pour vendre plus de cornes. Pour que tout le monde achète des cornes pis les mette sur leurs chevaux. Pour que les compagnies qui vendent des cornes fassent du profit sur les ventes de cornes, pis que les compagnies de cartes de crédit fassent des profit sur les intérêts sur le prix des cornes qui coûtent la peau des fesses."
Après, j’ai pas compté tous les "t’es dans la marde" "faque" "hostie" "câlice" et anglicismes qui constellent les récits… toujours est-il que ça donne un charme fou. Au point que je me suis demandée si j’aimerais pareil avec des expressions bien de chez nous. La réponse spontanée est non. Même si en fait, j’en sais fichtre rien. Les histoires sont quand même pas banales. Elles sont sacrément bien tarabiscotées même, avec des intrigues de gros salopard. Des intrigues où y a des coucheries pas trop en règle qui aboutissent à des pétages de gueule en règle sauf que c’est pas de la faute au type qui se fait écraser, enfin pas vraiment. Pis dans une autre histoire y a un virus HIV qui se balade sans raison en mode chienne de vie les gens sont vraiment pire que des bestioles c’est trop injuste. Tout ça sur un ton bien drôle. Du coup, ouais, finalement on va quand même dire que ce n'est pas uniquement le style qui fait vendre Ménageries. Non, les "contes" sont vraiment bien torchés. Et on pourrait même extrapoler et leur trouver une morale sur le thème de la connerie humaine. Mais ça, c’est tellement saoulant que ça gâche tout le plaisir dont il est question, au fond.
En somme, dès aujourd'hui, ma nouvelle passion dans la vie c'est la littérature canadienne. "La littérature à l'esprit américain" comme il a dit le monsieur du stand en essayant de me vendre un ouvrage sur les trucks. Crisse.
Au passage, signalons que sur son étalage se trouvaient également des ouvrages des éditions Moult et Rodrigol qui ont elles aussi l'air fort intéressantes. ET SI JAMAIS C'EST BIENTOT NOEL (j'ai été gentille toute l'année, je le jure).