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Samedi dernier, 5 000 policiers espagnols ont manifesté à Madrid pour protester contre l’austérité qui entraîne des baisses de salaires et d’effectifs.
Rassurez-vous, ils n’ont pas reçu des coups de matraque, des bombes lacrymo, des coups de bottes sur le visage, ils n’ont pas eu les bras tordus dans tous les sens ou la tête dévissée par des fonctionnaires anti-émeutes, pas encore remis de la bastonnade qu’ils ont infligés mercredi 14 novembre aux manifestants, minot de 13 ans compris. Tout s’est bien passé.
Quand les policiers, les militaires, et peut-être un jour les politiques, comprendront qu’ils sont du même côté de la barricade que les anonymes et les sans-grade, sans doute que les choses iront mieux.
Quoi? On peut toujours rêver, non?
« Venus de toute l’Espagne, environ 5 000 policiers ont défilé samedi au centre de Madrid pour dénoncer les baisses de salaires et d’effectifs dans la police, comme dans l’éducation et la santé, trois jours après une grève générale en Espagne contre l’austérité.
Après avoir violemment réprimés, mercredi soir à Madrid, les manifestants anti-austérité, les policiers ont défilé à leur tour dans le centre de Madrid pour dénoncer les baisses de salaires et d’effectifs imposés par le gouvernement. « Si ce pays fonctionne mal, c’est uniquement à cause des politiques », renchérit Juan Manuel Aguado Torres, un policier de 60 ans à Motril (Grenade), dans le sud du pays. « Ce sont nous, les fonctionnaires, qui payons toutes les conséquences de la crise », regrette aussi Antonio Perez, policier depuis 33 ans à Madrid.
« Citoyens, nous vous demandons pardon pour ne pas arrêter les vrais responsables de cette crise: les banquiers et les politiques« , proclamait une banderole dans le cortège des policiers qui ont marché jusqu’au ministère de l’Intérieur à l’appel du Sup, syndicat majoritaire du secteur. « Chaque année, entre 1 500 et 2 000 policiers partent à la retraite et 125 sont recrutés, ce qui signifie que dans trois ou quatre ans, il y aura plus d’insécurité et plus de délits en Espagne« , a mis en garde Jose Maria Sanchez Fornet, lors d’un discours devant le ministère. « Avec les jours libres qu’ils nous prennent, plus la suppression du mois supplémentaire, plus les coupes dans les salaires, nous avons perdu 300 euros par mois« , affirme Anxos Lores Tomé, une policière de 36 ans venue de Ferrol en Galice (nord). Entrée dans la police il y a 10 ans avec 1 500 euros par mois, elle affirme gagner aujourd’hui 1 450 euros. Mais au-delà de la police, « nous sommes inquiets pour la situation du pays en général. Les politiques ne créent pas d’emplois, et avec les coupes, il ne créent pas de consommation, au contraire », dit-elle.
Le gouvernement a imposé au pays une cure d’austérité visant à économiser 150 milliards d’euros entre 2012 et 2014, déclenchant une vive contestation populaire qui a rassemblé des centaines de milliers de personnes dans les rues lors de la grève générale de mercredi. »
Source: L’Humanité