Israël-Gaza : Le pot de fer israélien part en guerre contre le pot de terre palestinien

Par Theatrum Belli @TheatrumBelli

Israël a intensifié ses frappes aériennes sur la Bande de Gaza et bombardé plus de 200 fois la zone samedi au petit matin, selon l'armée israélienne, faisant 10 morts et touchant entre autres les bureaux du Premier ministre du Hamas, une unité de police et un vaste réseau de tunnels de contrebande.

Le président palestinien Mahmoud Abbas a déclaré que l'offensive sur Gaza était un moyen de "bloquer" la demande d'élévation de la Palestine au statut d'Etat non membre de l'ONU. Le 23 octobre, Gaza recevait l'émir du Qatar, le cheikh Hamad ben Khalifa al-Thani prêt à "investir" plus de 300 millions d'euros dans la région.

L'intensification des attaques aériennes intervient alors que les militants du Mouvement islamique de la résistance (Hamas), le parti au pouvoir dans la Bande de Gaza, ont lancé près de 500 roquettes sur l'État hébreu vendredi dont, l'une est tombée pour la première fois près de la ville sainte de Jérusalem et une autre à Tel Aviv. 


Rappel de 75.000 réservistes

L'armée israélienne n'a pas fourni le compte détaillé des attaques de la nuit de vendredi à samedi mais a déclaré que 200 sites avaient été bombardés. Au total, 800 raids aériens ont été effectués par Tsahal depuis le début de l'opération militaire "Pilier de défense" mercredi. D'après des responsables de la défense israélienne, le chef des forces armées Benny Gantz a personnellement ordonné que les attaques aériennes soient amplifiées

Dans la nuit de vendredi à samedi, le premier-ministre Benyamin Nétanyahou a réuni d'urgence son gouvernement. Lors de cette réunion, le détachement de 75.000 réservistes proposé par le ministre de la Défense Ehoud Barak aurait été décidé selon les médias israéliens. Plus tôt dans la semaine, le gouvernement avait déjà décidé de rappeler 30.000 réservistes. L'armée a par ailleurs envoyé vendredi des textos sur le portable de 12.000 Gazaouis, les avertissant de se tenir à l'écart des activités du Hamas.

Des chars, véhicules blindés et engins de terrassement de l'armée israélienne se positionnent progressivement dans le sud d'Israël, le long de la frontière avec le territoire palestinien, signe qu'une invasion au sol pourrait être imminente. Samedi, l'armée a également déployé un "dôme de fer" dans le centre d'Israël pour se protéger des tirs de roquette de Gaza.


Les bureaux du Premier ministre du Hamas pilonnés

Israël ciblait jusqu'à présent avant tout les positions militaires de la Bande de Gaza. Mais avant l'aube, samedi, l'armée s'en est prise à un symbole politique du Hamas et a pilonné les bureaux du Premier ministre Ismail Haniyeh (absent lors du bombardement).

Vendredi, le ministre des Affaires étrangères israélien Avigdor Lieberman avait averti que toutes les options de représailles aux tirs de roquettes étaient envisageables. "A chaque fois que le Hamas ouvre le feu, il y aura une réponse plus violente", avait-t-il menacé sur Channel 2 TV. "Je recommande vraiment aux chefs du Hamas de ne pas essayer encore une fois... Personne n'est à l'abri là-bas, ni Haniyeh, ni personne d'autres".

Au total, 10 personnes, dont huit militants du Hamas, ont été tuées dans les raids aériens samedi, et des dizaines d'autres ont été blessées, a rapporté le responsable de la santé de Gaza Ashraf al-Kidra.

Un immeuble de trois étages appartenant à un commandant militaire du Hamas a également été détruit par les bombardements samedi ainsi que deux unités de sécurité. Un édifice du gouvernement a lui aussi été pilonné ainsi que l'imposant siège de la police du Hamas dans la ville de Gaza , provoquant un important incendie qui s'est étendu aux maisons alentours, a rapporté le ministre de l'Intérieur.


Une partie de Gaza sans électricité

Dans le sud de Gaza, les raids aériens israéliens visaient également les centaines de tunnels utilisé par les militants pour se ravitailler depuis Égypte sans passer par Israël, ont rapporté les habitants. Le réapprovisionnement de la bande de Gaza, qui passe normalement par Israël, a été stoppé depuis le début de l'opération militaire mercredi.

Les bombes ont par ailleurs mis hors service cinq transformateurs électriques, plongeant plus de 400.000 personnes dans le noir dans le sud de Gaza, selon la compagnie de distribution d'électricité locale.

Samedi, une délégation de hauts responsables tunisiens, menée par le ministre des affaires étrangères Rafik Abdessalem, est arrivée à Gaza. La délégation a effectué son premier arrêt sur les ruines toujours fumantes du quartier général du premier-ministre.


"Le sang de Jabari n'a pas séché"

"Israël doit comprendre qu'il y a une législation internationale et qu'il faut respecter cette législation internationale et stopper son agression du peuple palestinien", a déclaré le premier-ministre à l'agence Associated Press alors qu'il visitait l'hôpital le plus important de Gaza, Shifa.

Vendredi, lors de sa visite dans la Bande de Gaza, le premier-ministre égyptien Hesham Kandil a également visité l'hôpital de Shifa et appelé à une fin de l'offensive. D'après un responsable des renseignements égyptiens, l'Égypte a fait une proposition de cessez-le-feu au gouvernement du Hamas vendredi. Mais celle-ci a été considérée comme prématuré par le mouvement islamique de la résistance, jugeant que "le sang de Jabari (le chef militaire du Hamas tué mercredi) n'avait pas encore séché".

D'après la Maison Blanche, le président américain s'est par ailleurs entretenu par téléphone avec le premier-ministre israélien Benyamin Nétanyahou puis avec le président égyptien Mohamed Morsi vendredi. Barack Obama aurait répété son soutien au droit de légitime défense d'Israël et discuté des moyens possibles pour faire baisser l'intensité du conflit. Lors de son entretien avec Mohamed Morsi, il a loué les efforts de l'Égypte pour atténuer les tensions de la région et fait part de son espoir que ces efforts soient couronnés de succès.

Au total, 40 Palestiniens, dont 13 civils, et trois civils Israéliens ont été tués depuis le lancement de l'opération militaire "Pilier de défense" mercredi.

Source du texte : ROMANDIE NEWS