Magazine Cinéma

[Critique] ARGO de Ben Affleck

Par Celine_diane
[Critique] ARGO de Ben Affleck
En trois films, l’acteur Ben Affleck, grandement sous-estimé, a su se faire une place de choix parmi les réalisateurs montants du moment. Dans Gone baby Gone, The Town, et maintenant Argo, on y trouve un peu d’Eastwood, une pincée de Lumet, un zest de Pollack. Ben Affleck a tout compris : la classe à l’ancienne d’un côté, le traitement moderne de l’autre. Une chance : le sujet d’Argo était parfait, les ficelles bien huilées. Car son film suit un scénario parfaitement calibré pour le cinéma, mais pourtant entièrement véridique : l’exfiltration de six otages américains- piégés en Iran et ayant trouvé refuge chez l’ambassade du Canada. Afin d’échapper à une mort certaine (et publique), ils se font passer pour une équipe de tournage d’un faux (et foireux) film de SF. Affleck, lui, prend simplement un évènement politico-historique datant de 1979, le filme avec entrain et un sens de la retenue impeccable, l’expose dans un contexte politique pertinent. Et bingo ! … La cerise sur le gâteau ? Lorsque le cinéaste a dévoilé son film en septembre dernier, l’ambassade du Canada en Iran fermait ses portes. Impossible de faire plus actuel… De toute façon, tout dans Argo concourt à en faire instantanément un classique du cinéma d’espionnage : sens du rythme, reconstitution des années 70 crédible, montage efficace, casting sobre. Affleck vise l’entertainement qui a des neurones : il s’en sort à merveille. 
La plus grande force d’Argo est sans conteste de réussir à allier crédibilité des séquences musclées et crédibilité des séquences plus humaines. Ainsi, la scène d’ouverture, par exemple, qui montre une manifestation iranienne qui dégénère est-elle aussi impressionnante que des scènes à une échelle plus intime : le coup de fil d’un père à son fils, la terreur des otages, la solitude et les prises de décision d’un homme sur qui le destin de six personnes repose. Affleck, également, parvient à libérer judicieusement quelques plages de relâchement et d’humour au sein d’une intrigue tendue à mort : on y rit volontiers de la prestation d’un John Goodman, en réalisateur au rabais. C’est grâce à ces instants plus légers qu’Argo réussit sur le terrain de la tension extrême : le contraste, saisissant, fait d’autant plus monter la pression. Le final, du coup, s’impose en mini film à l’intérieur même du film, parenthèse de suspense qui ne laisse aucun répit au spectateur, même si tout le monde connaît le fin mot de l’histoire. L’ultime preuve, s’il en fallait une, qu’Affleck sait ce qu’il fait, et qu’il le fait plutôt bien. 
[Critique] ARGO de Ben Affleck

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Celine_diane 512 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines