Budget de l'UE : c'est le blocage

Publié le 18 novembre 2012 par Copeau @Contrepoints

La date limite pour arriver à un accord sur le budget de l'UE a été dépassée. Le Royaume-Uni protège son rabais, et la France ses subventions agricoles.

Par Richard North, depuis Bradford, Royaume Uni.

À peine les discussions annuelles sur le budget de l'UE se sont elles effondrées, qu'Hermann Van Rompuy a jailli avec une proposition de budget multi-annuel, ajoutant encore plus de confusion à la question qu'il n'y en avait déjà.

C'était un brouillon de compromis de budget multi-annuel, avec pour but "d'amadouer la Grande Bretagne qui veut des coupes dans la dépense, au risque de fâcher la France en réduisant les subventions à l'agriculture." Ce brouillon réduirait de 80 milliards le budget pour 2014-2020, qui fait à peu près 1000 milliards d'euros tels que proposés par la commission européenne, pour être prêts pour les discussions du 22-23 novembre.

En même temps, on nous a dit que la proposition allait préserver le rabais britannique, ce qui, c'était prévisible, signifiait que la France le rejetterait, ce qu'elle s'est empressée de faire.  Jean-Marc Ayrault, le premier ministre français, a objecté contre des coupes profondes dans les dépenses dans l'agriculture, et a aussi "exprimé du déplaisir" à propos de la réduction proposée des fonds de cohésion.

Ayrault a néanmoins promis que la France continuerait de travailler de façon constructive pour arriver à un accord général, une phrase normalement dépourvue de sens, qui a rapidement acquis la signification suivante : "La France va se faire la Grande-Bretagne". Et sans tarder, nous avons entendu divers reportages, culminant avec celui du Guardian (qui continue de perdre de l'argent), qui nous dit qu'on a écrêté un milliard par an du rabais britannique, et ramené le budget total sur sept ans à 950 milliards d'euros.

Ainsi, dans le désarrois apparent sur le front multi-annuel, toute info sur la crise du budget pour 2013 a disparu de l'écran radar. Résultat : l'eurodéputé Alain Lamassoure (PPE, France), président du comité du budget au parlement européen, ne trouve pas ça amusant. Il déclare que l'UE "n'est pas crédible", commençant comme elle le fait à négocier le budget à long terme pour 2014-2020, avant de s'être mise d'accord sur les paiements courants.

Lui, et lui seul, semble avoir pris conscience de l'impasse sur la correction à apporter au budget 2012, qui a fait s'écraser les propositions de budget pour 2013, ce qui nous a amené à la situation bizarre où les chefs de l'UE vont se rencontrer pour tenter de se mettre d'accord sur le budget pour 2014-2020 en l'absence d'accords pour 2012 et pour 2013.

Mais le fait d'avoir Lamassoure qui nous dit que l'UE "n'est pas crédible", ça c'est vraiment quelque chose. Tout le processus du budget est en train de tomber dans un chaos tel que nous n'en n'avons jamais vu.

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