Que dire de l'insulte (lire ici) de Dahou Ould Kablia prétendument ministre de l’intérieur à
l'endroit d'une descendance du peuple millénaire de l'Afrique du Nord, du Sahel et des Iles Canaries (11 pays) ! Est-ce de l'inconscience, de l’ignorance de
l'inculture ?
"Alors que la Kabylie est militarisée au mètre carré ; que la gendarmerie s’est réinstallée dans de nombreuses communes en Kabylie ; que l’islamisme et
son corollaire le terrorisme sont en grande partie le produit de l’obscurantisme d’État et ses instituons et à leur tête l’école ; que Belkhadem et son parti le FLN sont les artisans du code
de la famille promulgué en juin 1984, (l’un des code le plus rétrograde du monde musulman) ; que des terroristes responsables de la décennie noir (1990) sont amnistiés par
des lois initiées par le chef de l’État ; que celui-ci a reçu encore récemment des représentants d’une organisation terroriste, Ansar Eddine, sévissant au Mali ; que de lourds soupçons
pèsent sur l’implication des services de l’État dans certains massacres de populations et l’assassinat de Boudiaf, de nombreux hommes politiques, journalistes, universitaires, les moines de
Tibhirine… les propos du Ministre de l’intérieur se passent de commentaires surtout quand on sait que c’est bien la gendarmerie (rapport de la commission du professeur Issad à l’appui) qui a
assassiné 127 jeunes en Kabylie lors du printemps noir en 2001 !"
KarimAkouche: « Allah au pays des enfants perdus », éd Dialogue Nord Sud, Montréal 2012
L’identité algérienne
Le problème algérien est avant tout identitaire. Il y a une identité meurtrière, l’officielle, et des identités meurtries. Le rapport de force entre elles est disproportionné. La première a
l’État, les moyens institutionnels, financiers et logistiques, et les autres sont relégués au rang de figurantes, de folklore. Le génocide au Rwanda vient de la négation de la réalité identitaire
rwandaise par les Occidentaux, qui ont essayé de niveler les peuples et les cultures de ce pays, ignorant que la démocratie en Afrique n’a pas la même acception que chez eux. Au Rwanda,
c’est le slogan artificiel et creux « un seul peuple, un seul vote, une seule identité » qui a conduit au massacre de plus de 800 000 personnes. Les Hutus et les Tutsis sont deux
peuples distincts, avec deux philosophies, deux modes de vie, diamétralement opposées. La politique de l’autruche qu’appliquent les décideurs algériens depuis l’indépendance à l’égard des
Amazighs, les Berbères, notamment les Kabyles, est suicidaire. Un conflit des identités, s’il n’est pas réglé avec raison, risque de se métamorphoser en conflit des civilisations. Si l’on veut
sauver la maison « Algérie », il y a urgence d’éteindre le feu identitaire.
Le complot que vise la dissension et qui se cache derrière le masque de la religion est un commerce qui s'épanouit en période de régression de la pensée dans les
sociétés.
Madjid Ait Mohammed