Dans le Japon de la toute fin du 19ème siècle, une jeune femme malheureuse s’épanche auprès de son jeune voisin, un adolescent de seize ans, qu’elle invite chez elle l’après-midi pendant l’absence de son mari. Elle raconte au jeune homme comment elle a été mariée à quatorze ans avec cet homme qu’elle n’aimait pas et la vie douloureuse, même dramatique, qu’elle a menée depuis.
Cette histoire de mariage raté, d’époux détesté, et de femme qui continue malgré tout à subir hypocritement son sort, est d’une très grande finesse d’évocation.
Ce personnage de femme, à la fois nerveux, à fleur de peau, est plein de profondeur, ce qui n’est suggéré parfois que par quelques mots.
Le jeune voisin, bien qu’il intervienne relativement peu durant la longue confession de la jeune femme, montre, par son mélange de désinvolture et de bienveillance, un certain sentiment d’amitié mais certainement pas l’amour que la jeune femme attend, ce dont elle ne semble pas se rendre compte.
Quant au personnage du mari, il est d’abord présenté comme une sorte d’épouvantail ridicule, avant de s’avérer être à la fois victime et implacable.
Cette ambivalence des caractères m’a séduite, mais aussi la manière dont cette histoire s’enrichissait de nuances et s’intensifiait au fur et à mesure des pages.
J’ai aimé aussi les accents féministes de certains passages, ou plus exactement de révolte vis à vis des mariages forcés et des drames inévitables auxquels ils mènent.
J’ai trouvé intéressant, aussi, que ce soit en brisant le silence et en sortant de son hypocrisie que la jeune femme soit conduite au drame final, comme si le silence était finalement une protection dont il était dangereux de sortir.
Cette nouvelle est une œuvre superbe, à l’écriture très maîtrisée, que je conseille donc vivement.