Magazine Cinéma

Lettre d’une inconnue – Stefan Sweig

Par Nada @nada

Elsa Zilberstein, lnouvelle, Lettre d’une inconnue, Stefan Zweig,   roman

C’est sur les conseils d’Elsa Zilberstein, exprimés dans un magazine, que j’ai acheté ce petit livre. Bien que je ne la connaisse pas personnellement,  j’aime bien cette actrice, je la trouve  lumineuse, raffinée, et lorsque j’ai appris qu’elle avait préfacé cet ouvrage et qu’il faisait partie de ses livres préférés, je me suis dit pourquoi pas ? Sitôt dit sitôt fait !

Lettre d’une inconnue n’est pas un roman mais une nouvelle, elle se lit très vite, trop vite, c’est bien dommage.

Quatrième de couverture

Un amour total, passionnel, désintéressé, tapi dans l’ombre, n’attendant rien en retour que de pouvoir le confesser.

Une blessure vive, la perte d’un enfant, symbole de cet amour que le temps n’a su effacer ni entamer.

Une déclaration fanatique, fiévreuse, pleine de tendresse et de folie.

La voix d’une femme qui se meurt doucement, sans s’apitoyer sur elle-même, tout entière tournée vers celui qu’elle admire plus que tout.  

Le livre s’ouvre sur lui, R… Il rentre de voyage, seul, c’est  son anniversaire,  il l’avait presque oublié. Quarante et un ans, et alors ? Cela ne lui fait ni peine ni plaisir. Sur son bureau parmi le courrier, une étrange enveloppe anonyme l’attend, avec à l’intérieur vingt quatre pages. Ce pseudo manuscrit provient d’une femme dont il ignore l’identité et qui avoue l’avoir aimé éperdument. Elle vient de perdre son enfant et son désespoir la pousse à lui écrire pour enfin révéler ce quelle a tu jusqu’à ce jour.

Au fil de la lecture, R … découvre que cette femme l’aimait  depuis longtemps,  depuis l’âge de treize ans. Fascinée par son allure d’abord et par lui ensuite, elle lui vouait une admiration sans bornes qui s’est peu à peu transformée  en un amour obsessionnel et  secret.

Des années durant  elle le suivit, l’épia, dans l’attente d’une reconnaissance qui  jamais n’arriva.

‘’J’étais toujours occupée de toi, toujours en attente et en mouvement ; mais tu pouvais aussi peu t’en rendre compte que la tension du ressort de la montre que tu portes dans la poche’’.

Forte de son amour elle força le destin et réussit à provoquer des rencontres … trois rencontres.

Il tomba sous son charme, se livra à son plaisir avec toute la légèreté qui le caractérisait, profita de son corps sans jamais la reconnaitre.

‘’Je passai de nouveau toute une nuit de délices avec toi. Mais même en ma nudité, tu ne me reconnaissais pas. Heureuse, je m’abandonnais à tes savantes  tendresses, et je vis que ta fougue amoureuse ne faisait aucune différence entre une amoureuse et une femme qui se vend.’’

Qu’y a-t-il de plus terrible que de ne pas être reconnue par celui que l’on aime ?

Cette nouvelle sous forme épistolaire est d’une délicatesse extrême. C’est une déclaration d’amour  touchante, bouleversante, l’abnégation de cette femme est à peine imaginable, on se demande comment elle a pu souffrir autant en silence. Dans cette lettre ‘’elle’’ lui confesse son fanatisme tragique et désespéré en s’excusant de son amertume, chaque mot, chaque phrase,  est comme un cri de douleur.

‘’Mais à la vérité, tu n’as jamais pensé à moi, tu m’as oubliée ! Je ne t’accuse pas, mon bien-aimé, non je ne t’accuse pas. Pardonne-moi si parfois une goutte d’amertume coule de ma plume, pardonne-moi’’.

Jusqu’à ce jour je n’avais encore rien lu de Stefan Zweig, quelquefois son nom  et ses œuvres me sont  parvenus aux oreilles, comme ‘’La confusion des sentiments’’ sans pour cela provoquer en moi l’envie de le lire. Erreur ! Grossière erreur !

Quelle élégance dans l’écriture, le style est un peu désuet mais admirable ! Je comprends mieux pourquoi cet ouvrage ne cesse d’être réédité depuis sa sortie en 1922.

Pour notre plus grand bonheur l’auteur  pousse très loin l’analyse du sentiment amoureux et de ses dérives, il nous alerte sur les dommages collatéraux, nul n’est à l’abri.

Ah ! L’amour à sens unique, sans réciproque, qui ne l’a pas vécu au moins une fois ? Plus trivialement, qui n’a pas fantasmé un jour sur quelqu’un ? On se souvient peut-être encore des petites pointes d’aiguilles sur le cœur …

Merci Elsa, très belle découverte ! Je ne vais pas en rester là avec Stefan Zweig.

GAIA


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Nada 1051 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines