Titre original : The Twilight Saga : New Moon
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Chris Weitz
Distribution : Kristen Stewart, Robert Pattinson, Taylor Lautner, Billy Burke, Ashley Greene, Rachelle Lefevre, Michael Sheen, Dakota Fanning…
Genre : Romance/Vampire/Fantastique/Adaptation/Saga/Suite
Date de sortie : 18 novembre 2009
Le Pitch :
Lors de son 18ème anniversaire, Bella vit un drame, lorsqu’elle s’ouvre le doigt sur du papier et provoque la soif vampirique de l’un des Cullen. Afin de protéger Bella, Edward et sa famille déménagent de Forks pour apparemment ne jamais revenir. Bella tombe en dépression quasi-suicidaire après le départ de son amour éternel, mais trouve du réconfort d’abord dans l’adrénaline, puis dans les bras de son meilleur ami, Jacob Black. Elle découvre que Jacob est en fait un loup-garou, comme Sam et sa meute. Malheureusement, la vampire Victoria est de retour pour venger James, son compagnon. Edward reviendra-t-il ?
La Critique :
Avec quatre livres et cinq films, il est indéniable que la saga Twilight, signée Stephenie Meyer, est un véritable phénomène. Le plus grand ouvrage de fiction destiné aux jeunes adolescentes depuis des lustres (à ce jour, la série a vendu plus de 100 millions d’exemplaires dans le monde), l’ampleur considérable de sa popularité et ses implications psycho-sexuelles fascinantes l’ont transformé en l’un des divertissements culturels les plus intéressants du 21ème siècle.
Dommage que ce soit un énorme tas de fadaises.
Sérieusement, pour aller droit au but, toute l’entreprise est juste épouvantable. Des romans médiocres adaptés en films pourris, point. Stephenie Meyer elle-même, fait preuve d’une incompétence à la limite du je-m’en-foutisme : son style d’écriture est terne et monotone, ses intrigues mélangent prévisibilité, clichés et de simples bêtises, et ses personnages sont en carton. Le premier film a réussi à retranscrire tous ces aspects-là, tout en rajoutant d’autres régals, comme des mauvais jeux d’acteurs, une mise en scène statique, et Robert Pattinson.
Avant toute chose, pour bien comprendre Twilight, il faut avoir lu les livres. De tous les épisodes, Tentation reste le « meilleur », principalement parce qu’Edward disparaît presque complètement de l’intrigue, s’en allant vers l’inconnu par soucis du bien-être de Bella, sa petite amie pathologiquement débile et co-dépendante. Pourquoi ? Parce qu’il l’aime ! Avec l’absence du protagoniste le plus détestable de la littérature moderne, Meyer marchait sur la bonne voie en revenant vers le développement de son motif initial : le remaniement des créatures surnaturelles en archétypes romantiques des histoires d’amour entre lycéens. Après tout, que deviendrait le monde si quelqu’un ne prenait pas le mythe éternel de vampires contre loup-garous et le transformait en mélange entre Underworld et Newport Beach ? Réponse : meilleur.
Ainsi, Bella se blottit contre son nouvel ami, le beau Jacob, qui en passant, est un loup-garou, au cas où vous n’auriez pas deviné les indices très subtils du premier épisode. C’est un grand BG tatoué, exotique et ultra-balèze qui se balade à moitié à poil avec ses potes (non, Twilight n’est pas un porno gay). Beaucoup a été dit sur le débat entre les fans à propos du dilemme de Bella, indécise sur son choix de mâle dominant : Team Edward ou Team Jacob ? La réponse est évidente : Team Jacob, bien sûr ! Jacob est beau, fort, compatissant, gentil, protecteur, fiable et prêt à tout pour faire des sacrifices, alors Edward se contente d’imiter James Dean et de fixer Bella d’un air constipé.
D’ailleurs, Taylor Lautner donne peut-être la meilleure prestation du film. Ce qui ne veut pas dire que c’est un bon acteur, puisque la survie de sa carrière après cette série reste discutable, mais il montre beaucoup plus de charisme que les autres (autrement dit, c’est le seul à en avoir), et de tous les personnages, c’est lui qui se montre de loin le plus tolérable. Bien entendu, il est aussi vide et mal conçu que les autres, mais puisque ses seules motivations sont, par ordre chronologique, coucher avec Kristin Stewart et péter la gueule à Edward, au moins l’une d’elles est identifiable. Donc Jacob est le gagnant par défaut.
Le niveau de référence se devine facilement ici, au point où on se demande pourquoi Twilight n’aurait pas pu se sauver en insistant sur cet aspect-là. Le vampire est le mec sophistiqué, le loup-garou est le mec viril de la classe ouvrière, la fille doit choisir l’un des deux, etc. C’est Archie, mais avec les sexes inversés et un casting de monstres. En plus, les vampires ont un style plus ou moins européen, alors que les loups-garous sont tous des amérindiens : c’est une sorte de division raciale/culturelle. Et en toute franchise, on pourrait faire un bon film à partir de ça.
Enfin, on pourrait. Ils ne l’ont pas fait, mais c’était possible.
Grâce aux fans de Pattinson, dont le nombre est impressionnant, et un usage copieux de flashbacks et de séquences oniriques, Edward est beaucoup plus présent dans le film que dans le livre, éliminant le seul bon choix de l’histoire. Il reste l’introduction des Volturi, une bande d’aristocrates vampires, qui serviront de méchants à la saga dans les épisodes à venir. Comme tout les autres « bêtises » de la série, ils sont le résultat d’une poignée d’idées recopiées et dénuées d’imagination, mais c’est sympa de voir des vampires qui se comportent enfin comme des vrais vampires. Il y a aussi le casting amusant de Dakota Fanning et Cameron Bright dans le rôle de deux vampires balèzes.
Le meilleur qu’on puisse dire, c’est que la cinématographie est très belle, donc même si il n’y a rien d’intéressant qui se passe, au moins c’est un grand vide qui est bien photographié. Et si les effets-spéciaux sont toujours aussi pourris, en particulier en ce qui concerne les loups-garous bidons, Chris Weitz est sans aucun doute un meilleur réalisateur que Catherine Hardwicke du premier volet, même si ce qu’il peut faire avec ces sottises demeure très limité. Le plus enrageant reste la pensée de ce qui attend la carrière de Kristen Stewart post-Twilight. C’est sûr, elle signe une prestation absolument affreuse sur ce coup-ci, mais pour ce qui est de la majorité de son travail, elle s’est montrée capable d’être une très bonne actrice. Considérez des films comme Adventureland, Zathura, Panic Room, Welcome to the Rileys, et pourquoi pas Into the Wild. Mais tout revient à Twilight, cette saga qui lui pèse autour du cou comme un panneau marqué « Ne me prenez pas au sérieux », et qui risque d’être un poids pour elle pendant encore longtemps.
Et puisque qu’on est sur Kristen Stewart, autant examiner le personnage qu’elle joue d’un peu plus près. Oui, Bella ne serait pas Bella si elle ne remplissait pas la fonction de la femme soumise et inconsciente, qui souffre en permanence et en redemande au premier mâle dominant venu. Mais même sans ce rôle-là, plus on réfléchit au personnage de Bella, et plus son comportement semble épouvantable. Depuis le début, elle fait preuve d’une telle indigence et d’un tel égoïsme, qu’elle est à deux doigts d’être une sociopathe. C’est presque comme si elle n’arrivait pas à comprendre les sentiments des autres alors qu’elle laisse une trainée de cœurs brisés et de misère dans son sillage. Chose qui ne concerne pas uniquement ses amants potentiels.
Pensez à Charlie, son père, et à tout le mélodrame qu’il doit encaisser chaque jour. Bella revient régulièrement à la maison dans un piètre état, couverte de blessures, mais se contente de mensonges pour répondre à ses inquiétudes. Elle disparaît dans la forêt, s’évanouit de fatigue, l’obligeant à mobiliser toute la ville pour se lancer à sa recherche, puis retourne chez elle sans explication valable. Puis, vers la fin du film, elle laisse tout tomber pour filer à l’anglaise en Italie pendant une durée indéterminée, et même la vampire Alice (Ashley Greene) s’inquiète plus pour les sentiments de Charlie que Bella elle-même. Son attitude désespérée, impuissante, pauvre-de-moi, dépasse la simple misogynie et vire carrément au grotesque.
Pensez à sa mère et à ses amies, dont les vies seraient dévastées si la recherche suicidaire de Bella pour les sensations fortes mettait un terme à son existence. Est-ce que ça l’intéresse ? Non, puisqu’elle ne voit pas au-delà de ses propres besoins et préfère se comporter pendant des mois comme une enfant gâtée, qui s’est vue confisquer son jouet favori. Quand il devient évident que devenir un vampire pourrait détruire la trêve entre la famille Cullen et les loups-garous, Bella fait-t-elle attention au fait que ses demandes incessantes d’être transformée en buveuse de sang mettraient les Cullen (qu’elle prétend aimer) en danger constant et mortel ? Non. Est-ce qu’elle en a quelque-chose à cirer que des gens soient en train de mourir, déchiquetés par des loups-garous et vidés de leur sang par des vampires, tout simplement parce qu’elle n’a pas le bon sens de rester à l’écart, loin des monstres et des morts-vivants ? Non. Est-ce ce sont ses affaires si son père, qui l’aime beaucoup et fait tout pour la rendre heureuse, doit nettoyer les cadavres et tout le bordel laissé par ces créatures ? Non. Est-ce qu’elle se pose quelques instants pour réfléchir au sujet de la réticence d’Edward à la transformer en monstre, comme lui ? Non.
D’ailleurs, même son désir d’être un vampire sent l’égoïsme à plein nez. Vous voyez, elle a peur de vieillir, de grossir, de prendre quelques rides comme tout le monde, et bordel, c’est pas juste ! Pourquoi Edward doit-il rester jeune et rêveur pour l’éternité et pas moi ? Moi, moi, moi! Même lorsqu’Edward s’est fait la malle, son attitude de prétentieuse a probablement moins de rapport avec le fait qu’elle est toute seule et sûrement plus de rapport avec la pensée détestable qu’Edward pourrait être plus heureux sans qu’elle soit dans ses pattes.
Comment est-ce qu’on est censé s’identifier à un tel personnage, sans avoir l’air d’être complètement cinglé ? Oui, si on a déjà été amoureux, on peut comprendre. Peut-être que certains ou certaines ont déjà lutté avec les mêmes sentiments et les mêmes indigences qu’a connu Bella dans Twilight. Mais quand même, c’est un coup de cœur du lycée, un béguin. On s’en remet. On passe à autre chose. Ce premier amour, cette première rupture, c’était l’enfer, certes, mais on s’est secoué un peu et on est passé à autre chose. L’amour ne se supplie pas, et si c’est le cas, ce n’est pas de l’amour.
@ Daniel Rawnsley
Crédits photos : SND Diffusion