«Dans la liste des précautions oratoires, celle-ci occupe une place à part. Elle souhaite jouer la surprise par sa forme, une vulgarité appuyée qui aurait pour mission de gommer à l’avance le pire des soupçons : une pensée réactionnaire. L’interlocuteur ne doit pas se récrier avant la remarque promise. Mais une petite réticence aux commissures des lèvres signifiant « Toi, passer pour un vieux con ! ? » semble bienvenue. Elle était espérée.»
Traquant les apparentes banalités de nos discours, nos petites phrases toutes faites, Philippe Delerm révèle pour chacune un monde de nuances, de petits travers, de rires en coin. La vérité de nos vies, en somme. Tour à tour attendri, moqueur ou mélancolique, il s’attache aux détails qui nous dévoilent un monde. Des mots qui nous échappent, des instants vécus par tous.
« Je vais passer pour un vieux con »… Quelle personne de plus de 25 ans n’a pas prononcé au moins une fois cette phrase en décortiquant le langage jeune ou en se faisant une réflexion ayant pour but de dire que c’était quand même mieux avant ?…
Philippe Delerm décide ici de décortiquer, analyser, disséquer, dépecer pas moins de 42 phrases ayant obligatoirement à un moment ou un autre fait partie de notre quotidien, que nous les ayons entendues ou dites.
Du célèbre « Je t’ai cassé » au « Je vais passer pour un vieux con » donnant son titre à ce recueil en passant par « C’est peut-être mieux comme ça » ou l’incontournable « J’étais pas né », Philippe Delerm illustre ces expressions par des mises en situations pleines d’humour, de nostalgie et d’intelligence, et, d’images qui ne manqueront pas de faire « tilt » dans votre cerveau.
Ces petites mise en scènes se dévorent à une vitesse hallucinante et si parfois certaines vous parlerons moins que d’autres, il est impossible de ne pas trouver son compte au fil des pages.
Tout en nous distrayant, Delerm réussi à nous donner les clefs de phrases voulant dire bien plus qu’elle ne le laisse penser. Comme cette phrase si souvent utiliser en politique pour obtenir la sympathie et l’oreille attentive de l’auditeur « Je vais vous faire une confidence ».
Et entre nous Monsieur Delerm, je dois vous faire une confidence, en refermant votre livre, je me suis promis de ne plus me cacher devant cette pseudo-excuse éculée « J’étais pas née ».
Ce Je vais passer pour un vieux con est mon premier coup de coeur de la Rentrée Littéraire 2012 !
Merci aux Matchs de la Rentrée Littéraire 2012 de Priceminister pour m’avoir fait découvrir cet ouvrage.
Je lui donne donc 18/20.