Seth © Guy Delcourt Productions – 2009
« La vie est belle malgré tout disait la mère de Seth à son fils.
C’est le titre de cette autobiographie désabusée, par un auteur nostalgique que la modernité désespère. Ayant découvert un dessinateur des années 1950 dont le trait ressemble étrangement au sien, Seth part à sa recherche et ne découvre que 11 dessins de Kalo… » (présentation officielle).
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Seth © Humanoïdes Associés – 1998
La première édition de cet album remonte à janvier 1998. Publié dans la Collection Tohu Bohu des Humanoïdes Associés, l’album est certes absent de leur catalogue en ligne mais la couverture ne trompe pas, comme vous pouvez en juger. Onze ans plus tard, Delcourt rachète les droits et réédite cet ouvrage, nous gratifiant au passage d’une couverture plus stylée, plus « parlante » bref… l’exacte réplique de la version originale intitulée It’s a Good Life if you don’t weaken.
Les propos se concentrent habilement sur un récit autobiographique. Cependant, le quotidien de Seth n’est pas l’unique sujet de cet album. Il nous propose également de l’accompagner dans la recherche qu’il a menée pour retrouver un ancien dessinateur du New Yorker : Jack Kalloway alias Kalo. A partir de là, le scénario se nourrit d’anecdotes du quotidien, de visites chez sa mère, des découvertes issues de sa recherche documentaire, du rapport à la création artistique… On se dégage donc assez facilement de l’aspect autobiographique même si de nombreux passages muets nous renvoient à la solitude du narrateur. On s’oriente, il me semble, vers les éléments qui conduisent à la construction d’un univers d’auteur : le désir de l’artiste de transmettre sa propre vision d’un sujet et l’influence que d’autres auteurs ont eu sur lui (et devenus pour cet artiste ce que l’on pourrait appeler des « modèles culturels »). Seth pioche dans un répertoire assez large de références qui couvre aussi bien ses lectures d’enfants que le travail réalisé par ses contemporains.
Depuis que je suis tout petit, la BD a toujours eu une influence considérable sur moi. Je veux dire, pas les trucs de Disney ou de la Warner, mais les strips dans les journaux, les dessins d’humour, la bande dessinée. Elle occupe une part importante de mon cerveau. C’est comme si je comparais sans cesse des événements de ma vie courante à des scènes de BD. (…) Prenez ce jour, par exemple. Noël 1986. Je rendais visite à ma famille dans l’Ontario, à Londres. J’entre dans une librairie d’occasion. Et voilà que je me rappelle d’un vieux strip de Charlie Brown. Une page du dimanche, je crois. Avec Snoopy…
Quant au trait, il est sobre et emploie les détails décoratifs à bon escient. La mise en page dispose de peu de variations ; d’une planche à l’autre, et sauf rares exceptions, on retrouve un agencement de la page en trois bandes d’une à trois cases chacune. Quant aux cases, c’est avec beaucoup de plaisir que j’ai apprécié la disposition des détails, des personnages…
Cet univers graphique est à même de nous faire ressentir l’ambiguïté du narrateur. Ce dernier est assez routinier voire casanier. Il ne cherche pas le contact ou rarement. Il m’a semblé insouciant tant il se laisse accaparer par sa recherche sur Kalo. Puis, sans aucune brusquerie dans son trait ou dans ses propos, Seth parvient à développer des passages plus rythmés où son personnage quitte assez facilement sa routine de célibataire. Une rencontre amoureuse, un voyage… l’auteur semble à l’aise dans chaque situation (ce qui m’a étonné). Le bleu dominant de l’album sert finalement de ligne conductrice et crée une atmosphère de quiétude générale malgré ces ces deux manières de vivre assez opposées.
Au travers de la recherche menée par ce dernier, c’est une sorte de quête qui se déroule sous nos yeux. Elle se nourrit à la fois d’une curiosité intarissable que Seth va souhaiter alimenter pour parfaire sa connaissance de Kalo, mais également d’une sorte d’obstination à revenir sur son propre passé. Ce récit puise généreusement dans les souvenirs de son auteur, d’autant que son enquête le conduit à revenir dans une ville où il a vécu avec ses parents puisque, coïncidence, c’est la ville natale de Kalo.
Les chroniques : Mitchul, nside, du9, Héros aire K, Nicolas, Julien F.
Extrait :
« Si vous ne comprenez pas ce qu’est la nostalgie, alors vous n’avez aucune chance de me comprendre. Le passé m’obsède et je m’en repais. Je retourne régulièrement en enfance, rumine mes souvenirs, sélectionne les meilleurs moments comme s’ils allaient solutionner mes problèmes du jour » (La vie est belle malgré tout).
La vie est belle malgré tout
One shot
Éditeur : Delcourt
Collection : Outsider
Dessinateur / Scénariste : SETH
Dépôt légal : février 2009
ISBN : 978-2-7560-1446-3
Bulles bulles bulles…
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