Ce résultat, qui peut sembler alarmiste, vient d'être vérifié chez les enfants présentant certaines variantes génétiques de vulnérabilité aux effets nocifs de l'alcool. Cette étude britannique, constate qu'à l'âge de 8 ans, le Q.I. des enfants de ces mères consommatrices modérées et elles-aussi génétiquement vulnérables, est réduit en moyenne de 3,5 points. Ces conclusions, publiées dans l'édition du 14 novembre de la revue PLoS ONE, doivent constituer un avertissement supplémentaire sur les dangers de l'exposition à alcool, même modérée, pour le bébé à naître.
Les effets néfastes sur le bébé, d'une forte consommation d'alcool pendant la grossesse sont bien établis, mais les effets d'une consommation modérée d'alcool sont moins clairs. L'étude a porté sur des femmes enceintes et a mesuré l'impact de cette consommation d'alcool modérée sur le QI des bébés, plus tard dans la vie, à l'âge de 8 ans. Les chercheurs des Universités de Bristol, d'Oxford, de Leicester et de Nottingham en collaboration avec des chercheurs de l'Université de Queensland (Australie) ont pris en compte, dans leurs conclusions, les variations génétiques de la mère et de l'enfant qui pourraient affecter le métabolisme de l'alcool. Lorsqu'on consomme une boisson alcoolisée, l'alcool (éthanol) est converti en acétaldéhyde par un groupe d'enzymes, ce qui neutralise l'effet nocif de l'alcool. Les variations dans les gènes qui codent pour ces enzymes peuvent ainsi conduire à des différences dans la capacité des gens à métaboliser l'éthanol.
Un génotype de vulnérabilité: L'étude a porté sur les données de 14.541 femmes enceintes -dont 13.822 ont donné naissance à un seul bébé- participant à une cohorte britannique menée sur les facteurs environnementaux pouvant affecter la santé et le développement des enfants. Les femmes ont été interrogées sur leur consommation d'alcool à 18 puis 32 semaines de grossesse. Les chercheurs ont exclu de leur analyse 269 femmes qui déclaraient avoir consommé plus de 6 unités par semaine…Enfin, les chercheurs ont examiné les différences de génotype des mères et des bébés par séquençage de l'ADN.
- Ces scientifiques constatent que 4 variantes génétiques chez l'enfant, liées au métabolisme de l'alcool, sont, en fin de compte, fortement liées au QI à l'âge de 8 ans.
- La différence entre le groupe le plus exposé et le groupe à plus faible risque génétique est estimée à près de 3,5 points de QI.
- Et le QI de l'enfant baisse en moyenne de près de 2 points de moins pour chaque variante génétique « risque » présentée.
- Cet effet n'est observé que chez les enfants de mères buveuses modérées (d'1 à 6 unités d'alcool par semaine). Les enfants de mères qui se sont abstenues de toute consommation d'alcool pendant leur grossesse ne présentent pas une baisse similaire de leur QI.
- Une autre variante génétique associée au métabolisme de l'alcool cette fois chez les mères est associé avec un QI diminué de leur enfant, seulement chez les mères qui ont consommé de l'alcool durant leur grossesse.
Des résultats à fortes implications pour la santé publique, car ils s'appliquent à une consommation modérée. Et si les effets du génotype associé à cette consommation modérée semblent modestes, ils pourraient bien l'être moins lorsque la consommation dérape. En conclusion, il reste préférable d'éviter totalement l'alcool pendant la grossesse.
Source: PLoS One 7(11): e49407. doi:10.1371/journal.pone.0049407 online November 14 2012Fetal Alcohol Exposure and IQ at Age 8: Evidence from a Population-Based Birth-Cohort Study (Visuel© Joanna Zielinska - Fotolia.com)
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