« Dans la maison », c’est le titre du film et c’est également l’espace étouffant des quelques pièces dans lesquelles se déroule l’action de la rédaction. La famille « Rafa »,
le père, le fils, la mère ... La chambre de Raphaël, le salon, la salle de bain, l’escalier, la chambre des parents dans laquelle se renifle « l’odeur de la femme de la classe moyenne », la capiteuse Esther. L’élève termine le devoir par un énigmatique « à suivre » qui
annonce en effet, par un bel effet de mise en abyme, la suite à la fois du film et de la rédaction.
L’écrivain en herbe a du talent. Il sait créer des ambiances, croquer des personnages, ménager du suspense. Le professeur, disciple de
Flaubert, trouve raisonnable de lui indiquer des astuces afin de rendre progressivement son récit plus palpitant. Comme il l’affirme lui-même, tout lecteur attiré par un livre doit se
sentir « sultan devant Shéhérazade ». Si, dans « les Contes des mille et une
nuits », Shéhérazade n’est pas exécutée comme les autres odalisques, c’est parce qu’elle sait tenir en haleine son auditeur par l’habileté de ses contes. De la même façon, Germain (et le
spectateur) attend avec une impatience coupable la suite de l’histoire. Il subit l’effet de fascination que lui procure cette entrée par
effraction narrative dans le jardin secret des Rafa. Il ne veut pas les connaître, il préfère les imaginer à travers la magie du récit. Sans doute est-il, comme l’élève à la petite gueule de fin
limier, captivé par « l’odeur » sensuelle d’Esther, mère au foyer, un peu délaissée par ses deux hommes.