A l’occasion du 30e anniversaire de sa mort, la Ville de Toulouse a décidé de rendre hommage à cette photographe qui fut l’un des grands témoins de son histoire.
Femme et photographe de et dans son temps, Germaine Chaumel s’inscrit pleinement à Toulouse dans le courant photographique « humaniste » qui se développe alors notamment à Paris. A l’occasion du 30e anniversaire de sa mort, la Ville de Toulouse a décidé de rendre hommage à cette photographe qui fut l’un des grands témoins de son histoire.
Totalement oubliée de l’histoire actuelle de la photographie, Germaine Chaumel fut pourtant l’une de ses plus remarquables servantes entre 1935 et le début des années 1950. Elle apparaît notamment comme l’une des meilleures représentantes de la « nouvelle vision » photographique qui se développa dans l’entre-deux-guerres, mais n’eut simplement pas la chance de pratiquer son art dans la capitale de la photographie qu’était alors Paris. La mise en perspective de ses images avec celles de ses célèbres contemporaines (comme Yvonne Chevalier, Ergy Landau, Nora Dumas, Denise Bellon ou encore Laure Albin Guillot) montre cependant avec clarté la qualité de son travail et sa modernité.
Autodidacte, elle se forme à la photographie en étudiant les travaux de Man Ray et Brassaï, ses références. A partir de 1935, sa passion pour la photographie devient exclusive à tel point qu’elle en fait réellement son métier en 1937. Dès le début, elle mène de front le portrait, en particulier dans le studio qu’elle aménage dans son appartement, et le reportage, au service notamment de journaux nationaux (L’Express du Midi, qui deviendra La Garonne, Paris-Soir, etc.) ou internationaux (New York Times).
Une curiosité insatiable
Armée de son Rolleiflex, elle balaie tous les domaines de la photographie, de la scène de rue à la publicité (avec les conseils de Sougez), de la nature morte au nu, de la mode au paysage urbain. Photojournaliste de qualité, elle couvre les plus grands événements de cette époque troublée : les grandes grèves de 1937, l’exil des républicains espagnols dans les Pyrénées dès 1938, l’arrivée des milliers de réfugiés de l’exode en 1940, les deux voyages du Maréchal Pétain à Toulouse, les grandes manifestations vichystes, la libération de la ville en août 1944 et l’arrivée du général de Gaulle. Témoin d’une situation sociale extrêmement difficile, elle l’est aussi d’une vie culturelle intense qui voit défiler à Toulouse les plus célèbres artistes de l’époque (Louis Jouvet, Maurice Chevalier, Jean-Pierre Aumont, Jean Nohain ou encore Joséphine Baker). Elle s’impose même comme une bonne photographe du sport, suivant régulièrement les rencontres de rugby et de football, mais également le cyclisme, l’athlétisme, la boxe, la natation et même l’escrime.
Membre du « Photo-Club » de Toulouse, elle est également à l’origine avec quelques-uns de ses collègues amateurs éclairés, en 1936, du « Cercle photographique des XII », sous la bannière duquel elle participera à de nombreux salons nationaux et internationaux dans lesquels elle glanera plusieurs prix.
A l’instar de Willy Ronis dans la capitale, Germaine Chaumel a flâné dans les rues de Toulouse, son Rolleiflex autour du cou, à la recherche d’un instant éphémère ou d’une rencontre. Son travail, d’une exceptionnelle sensibilité, porte un regard empathique d’une émouvante proximité sur le quotidien des Toulousains.