Suites aux élections nationales, le nouveau gouvernement élu aura des défis de taille à relever pour permettre à sa population de sortir de la pauvreté. Dix ans après la fin de la guerre civile qui a dévasté le pays, fait 120 000 morts et laissé la population traumatisée, et malgré les progrès et la relative stabilité du pays, la vie de nombreux Sierra Léonais est toujours une survie quotidienne. Les infrastructures de base sont à reconstruire et la récente épidémie de Choléra a douloureusement rappelé la fragilité du pays au moindre choc.
La nutrition : Des engagements à concrétiser
Le lancement de l’initiative Scalling up Nutrition (SUN) en octobre dernier ne doit pas rester un effet d’annonce. ACF espère fortement que le futur gouvernement respectera les engagements pris dans le cadre de ce mouvement car ils représentent une grande opportunité d’amélioration de l’état nutritionnel dans le pays, en mettant la nutrition à l’agenda du gouvernement. Les 45 programmes thérapeutiques ambulatoires déjà mis en place représentent un signe engageant, mais le déploiement du reste du dispositif devra être à la hauteur de la volonté politique affichée jusqu’ici.Des enjeux sanitaires gigantesques pour prévenir les épidémies de Choléra
La situation sanitaire du pays et en particulier dans les villes est également l’un des grands enjeux pour le développement du pays. La situation à Freetown est particulièrement catastrophique et a permis une propagation rapide de l’épidémie. Les bidonvilles, situés entre le centre-ville et la mer, sont des lieux propices au développement de la maladie. Les habitants vivent dans des conditions d’hygiène épouvantables, et la saison des pluies (Juin à Novembre) est un facteur aggravant. L’accès à une eau potable et à un assainissement amélioré est quasiment inexistant dans ces zones. La lutte contre le choléra ne doit pas se limiter pas à des réponses d’urgence. Le pays doit se préparer pour faire face ou empêcher une nouvelle épidémie. Celle de cette année à été la plus forte de toute l’Afrique de l’ouest et de l’histoire du pays: 21 599 cas ont été déclarés et 290 personnes sont décédées. A titre de comparaison, l’épidémie en 2006 avait touché près de 4 000 personnes et celle de 1994/1995 environ 8 000. Le futur gouvernement devra donc prendre de réels engagements pour permettre de la réduction des risques d’épidémie et atteindre les Objectif du Millénaires pour le développement en termes d’accès à l’eau potable et à l’assainissement.Point sur l'épidémie de Choléra
Depuis la fin du mois d’octobre l’épidémie de choléra, déclarée en Février 2012 dans les districts de Port Loko et de Kambia, dans le nord du pays, et qui s’était rapidement transformée en une véritable « crise humanitaire » est heureusement terminée. On n’avait pas vu de tels chiffres depuis dix-sept ans. En quelques mois, la contagion a rongé le pays, passant de 2 à 10 districts touchés sur les 13 que compte le pays. L’épidémie a connu une véritable explosion durant le mois d’Août, au milieu de la saison des pluies. Au cœur de l’épidémie, se trouvaient la capitale Freetown et sa région (Western Area). Touchée tardivement (à la mi-juin), c’est finalement la région qui a été la plus affectée à cause de la présence de bidonvilles sans système d’assainissement décent, comme celui de Marbella. Densément peuplé, sans accès à la route mais extrêmement fréquenté à cause de son marché ouvert 24h sur 24h, ce quartier proche du centre la capitale est un véritable « point chaud » où le choléra peut se propager très facilement, d’autant que la plupart des habitants sont privés de latrines, que l’accès à de l’eau traitée et les conditions d’hygiènes y sont difficiles. Les équipes d’ACF se sont mobilisées très tôt, dès les premiers signes d’alerte, avant même le début de l’épidémie, pour traquer les foyers de la maladie et limiter au maximum la transmission : ils ont mis en place des activités de sensibilisation des communautés, de chloration des points d’eau et de distribution de kits d’hygiène qui ont permis aux familles de se protéger contre l’infection. Les centres de santé, qui peuvent potentiellement être des lieux de contamination, ont aussi été soutenus afin de minimiser le risque.Réponse d'Action contre la Faim
- Chlorations de 120 points d’eau (environ 12 000 foyers) et 1 067 tests d’eau réalisés.
- Jusqu’à 100 volontaires ont fait de la promotion à l’hygiène et des distributions de « kits choléra » (savons, sachets de sels de réhydratation, tablettes de purification d’eau) au sein de communautés en porte a porte
- Des séances de formation ont été réalisées auprès des chefs communautaires pour les sensibiliser et élargir la diffusion des messages de prévention à la population
- Distribution de 9 400 « kits choléra » auprès de 53 875 personnes dans les communautés et près de 5 000 Kits distribués dans des centres de santé.
- Construction et entretien de latrines et soutien à la chloration dans des centres de santé. Formation des équipes pour aider à l’isolation des patients et éviter la transmission au sein des centres de santé
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