Depuis que le parti de gauche a publié son contre-budget (PG), une mini polémique a vu le jour dans la blogosphère.
Ainsi, Politeeks a pointé un chiffre, en l'occurrence celui de la niche dite Copé, ce qui l'a conduit à douter de la validité dudit contre-budget. Nous ne doutons pas de sa sincérité, même si soulever une éventuelle erreur pour invalider l'ensemble d'un dossier est un procédé éculé bien connu de nos services pour ne pas aborder le fond d'une question. ;-)
D'ailleurs, aussi sec, l'ami des échos de la gauchosphère lui a répondu en s'appuyant sur un document de campagne du parti de socialiste qui valide le chiffre du PG...
Finalement, comme le dit l'ami de Rock'n'Rouge, peu importe de savoir qui détient le bon chiffre, parce qu'au fond, en présentant son contre-budget, le parti de gauche montre qu'un budget est affaire de choix politiques et de leviers à actionner. Et, qu'une autre politique est possible.
Pinailler sur des chiffres comme d'autres le font à chaque présentation de la loi des finances sur l'estimation de la croissance au dixième près est certes important mais l'essentiel réside dans l'orientation et les choix politiques en matière budgétaire. Ce genre de bataille de chiffonniers s'inscrit dans l'ordre actuel des choses. C'est un enfumage qui évite d'évoquer une orientation budgétaire alternative. En quelque sorte, il valide presque TINA et l'austérité.
Aujourd'hui, Hollande et Ayrault se contentent de gérer, au mieux, le système en présentant leur premier budget qui peut être qualifié de droite, aux motifs qu'il retouche seulement à la marge l'orientation budgétaire tracée par les Sarkozy-Fillon (1) et surtout qu'il respecte l'orthodoxie libérale (2) :
- 1 : l'équipe au pouvoir s'est privée d'actionner les bons leviers en se privant d'ailleurs d'une réforme fiscale de grande ampleur - quid du projet Piketti ? - qui aurait remis à plat l'ensemble de la fiscalité, supprimé la plupart des niches fiscales en faveur du patronat et de l'oligarchie, taxé lourdement la finance, et surtout redonné ses vertus à l'impôt sur le revenu.
Elle a choisi la facilité et le confort en se contentant de supprimer quelques niches fiscales, de valider le gel des barèmes décidé par la droite, de procéder à des coupes budgétaires dans les services publics et surtout d'augmenter les impôts indirects de type TVA.
- 2 elle s'est également interdite de retrouver des marges de manœuvre budgétaires en ne contestant pas les déficits publics. Pourtant, il y a lieu de s'interroger sur cette dette publique qui parait paradoxale parce que d'une part le pays n'a jamais autant créé de richesses, été aussi riche, et d'autre part, l'emploi, la protection sociale, les services publics et le pouvoir d'achat se sont dégradés dans le même temps.
De ce constat, une question s'impose : qui a profité de l'endettement de la Nation ?
La réponse ne peut être que celle-ci : une minorité puisque le peuple s'est appauvri. Par conséquent, une grande partie de la dette du pays ne doit pas être légitime.
De ce constat, les deux décisions suivantes auraient du être prises : création d'une commission d'audit de la dette et suspension unilatérale de tous les remboursements jusqu'au résultat de l'audit. Pour mémoire, la Russie, l'Argentine, l'Islande, du Paraguay qui ont pris de telles décisions s'en sont mieux sortis que les autres.
Mais Hollande, Ayrault and co, c'est l'orthodoxie néo-libérale, quitte à imposer une cure d'austérité sans précédent dont les conséquences risquent d'aggraver paradoxalement l'endettement public, de mettre le pays en récession...
Pourtant, en annulant une partie de la dette publique, en cassant les ressorts de l'endettement (notamment emprunter auprès des marchés financiers), en empêchant l'exil et la fraude fiscale et en prenant des mesures coercitives contre la spéculation financière, en d'autres termes en changeant de paradigme idéologique, toute question relative au coût de telle ou telle niche deviendrait accessoire.
Alors oui, les chiffres sont importants, mais l'essentiel de la question budgétaire n'est pas là.