Il paraît qu'il s'est expliqué, devant les journalistes de sa propre rédaction, rassemblés par la Société des Journalistes. Certains avaient été heurtés par la couverture de trop, sur le coût de l'immigration.
Pour Barbier, la justification était simple, c'était du marketing moderne. La France s'était droitisée et il fallait lui répondre. Christophe Barbier était le Patrick Buisson des newsmagazines ! Buisson, cette âme damnée de Nicolas Sarkozy qui conseilla à son mentor de faire campagne à l'extrême droite, à coup de déchéance de nationalité et autres tests ADN.
L'outrance était donc un moyen pour atteindre la fin, c'est-à-dire de bonnes ventes.
La presse va mal et l'on serait tenté d'être indulgent avec les efforts marketing de certains canards pour s'adapter au lectorat. Certains médias ont trouvé la bonne formule, comme Mediapart ou Arrêt sur Images, l'abonnement pas cher et numérique pour des investigations et des enquêtes.
L'Express sortait d'une période où l'abonnement s'achetait avec un réveil-matin ou un stylo imitation Montblanc. La vente au numéro, autre nerf de la guerre, se déclenche à l'instinct. Il faut la formule qui choque et qui claque. L'hebdomadaire Marianne fut longtemps accusé d'antisarkozysme bruyant ou primaire dans l'ancien quinquennat. Jamais Marianne ne cédait à l'utilitarisme publicitaire du spécial immobilier ou francs-maçons.
Depuis mai dernier, le journal avait changé de ligne, sans détour ni hésitation. Il n'était pas à gauche, simplement centriste ou libéral. En 2008, il nous arrivait de traiter certains journalistes de l'hebdomadaire de Laquais de Sarkofrance, comme ce 23 septembre 2008.
Il y a quelques semaines, le lecteur critique de l'EXPRESS pouvait tomber de sa chaise en lisant son hebdomadaire favori.Depuis mai 2012, Christophe Barbier n'a éprouvé aucune hésitation. Il fait campagne pour le renouveau de la Droite Forte. Il regrette l'ancien régime. Il ne trouve aucune excuse à la nouvelle administration.
Trois "journalistes" avaient conjugué leurs efforts pour écrire l'un des articles les plus complaisants qu'il nous ait été possible de lire cette année sur Nicolas Sarkozy. Eric Mandonnet, Romain Rosso et Ludovic Vigogne (ce sont eux) ont titré leur méfait: "Sarkozy devient un autre président."
"Pendant le mois d'août, Nicolas Sarkozy s'est mesuré à deux géants, la Chine et la Russie. Et a connu les affres du chef des armées, après l'embuscade afghane. Il ne pourra plus exercer la fonction présidentielle comme avant."
Autrement dit, à sa manière, Christophe Barbier faisait campagne pour la destitution de François Hollande depuis le mois de mai dernier.
L'homme n'écrit plus grand chose. Il officie chaque matin sur iTélé. Il vient de rempiler pour la saison. Il décante le soir sur d'autres plateaux télé. Il enregistre son édito video qui est ensuite rapidement posté sur le site de l'Express.
Et il choisit la couverture de l'hebdomadaire, c'est sa contribution principale à la production hebdomadaire du magazine qui l'emploie... Comme un acte manqué, chaque semaine depuis le 6 mai dernier. Christophe Barbier faisait dans le Hollande-Bashing et la course à l'électorat du Rassemblement Bleu Marine.
Tout y passait jusqu'à cette dernière couverture, sans doute pas la dernière, sur le vrai coût de l'immigration, photo d'une femme en Niqab entrant dans une CAF un enfant à la main. Le parfait cliché que le FigMag n'osait plus en illustration de première page... Dreuz, ce site crypto-Bleu Marine, loua le courage du sieur Barbier.
Nous pouvions vomir en silence, et résilier notre abonnement.
Après cette séquence hebdomadaire étonnante, nous attendions la prochaine couverture de l'Express sur "les ratonnades, et alors?"
Un titre pareil, ça ferait vendre, non ?