Courir, méditations physiques.

Courir, méditations physiques est un livre de philosophie traitant de course à pied. Le premier du genre, d'autant que la course n'avait jusqu'à présent, contrairement tout de même à pas mal d'écrivains et de cinéastes, guère inspiré les penseurs, contrairement à la marche.
C'est cette constatation qui m'avait donné envie de lire cette ouvrage écrit par Guillaume LeBlanc, professeur de philosophie, auteur de plusieurs ouvrages, et coureur bien entendu. Il est temps de rattraper cette "injustice" et de redonner à la course ses lettres de noblesses philosophiques.
La lecture de ce livre édité par Flammarion m'a cependant souvent décontenancé. Le propos, qui se veut aussi pensée fluctuante, est tout de même souvent difficile à bien suivre, peut être cependant comme les pensées qui vous viennent en courant. La place de la comparaison avec la marche, qui a inspiré de nombreux philosophes, avec son rythme lent et régulier, alors que la course n'avait à leurs yeux aucune autre fonction que celle de la fuite et de la précipitation, m'a paru un peu trop importante. Il me semble aussi que la "course à pied" comme discipline, plaisir et défi, est d'invention trop récente pour avoir le même passé philosophique que la marche contemplative ou voyageuse, dont elle ne me semble pas l'antithèse absolue, très loin de là. (cela se retrouve dans ma pratique, je serai tenté d'ajouter...)
Cependant j'ai trouvé dans ces lignes quelques idées qui font écho en moi: la course est ainsi "le sport des pauvres, des vies de rien qui n'accèdent jamais totalement à la lumière, car elles ont fait voeu de pauvreté. A force de parcourir le monde, d'emprunter toutes ses routes, elles apprennent qu'elles ne sont que de passage." La course comme philosophie du dénuement, ça me parait être une idée forte, comme le disait Nurmi, le premier grand coureur de l'histoire "un coureur doit toujours vivre et se sentir pauvre". On peut appliquer ce principe à différent degrés, mais cette phrase en tous cas m'avait beaucoup marqué lorsque enfant j'ai commencé à me passionner pour l'art de la course.
L'évocation de figures historiques est également présente dans ce livre un peu "débridé", et j'aime bien celle d'Emile Zatopek, qui après Echenoz et d'autres écrivains (sans compter le titre d'un magazine), continue donc d'inspirer les plumes. Cette évocation rappelle d'ailleurs distinctement le magistral documentaire de Jc Rosé "l'odyssée du coureur de fond", où la musique et la diction de Cretton apporte une émotion très forte aux images d'archives triées sur le volet. Je ne résiste pas à vous faire partager ces extraits du documentaires (curieusement ré-agencé ici cependant) pour conclure ce billet:
toute la légende de la course à pied est là!
http://www.dailymotion.com/video/x8b2zp_zatopek_sport#.UKVMPWt5mSM
Courir, méditations physiques, Guillaume Le Blanc, Flammarion, 19 €