Saint-Ange (Pascal Laugier, 2003)

A la fin des années 50, Anna débute son emploi qui consiste à nettoyer, avec deux autres employées, l'orphelinat Saint-Ange qui vient de fermer. Mais l'orphelinat n'est peut être pas si vide que ça, et Anna, ne vas pas tarder à chercher la vérité, malgré sa grossesse...
Premier film de Pascal Laugier, à qui l'on doit l'inégal mais dérangeant Martyrs et le récent The Secret, Saint-Ange s'inscrit dans cette aspiration du cinéma français à renouer avec le film de genre.
A première vue très soigné et excellemment bien réalisé, Saint-Ange laisse pourtant une forte impression d'inabouti chez le spectateur. Pascal Laugier a visiblement vu ses classiques et retenu les leçons du renouveau du cinéma de genre espagnol (on pense à l'Echine du Diable ou aux ambiances de La Secte Sans Nom...), mais son film ne réussit pourtant pas à créer un vrai climat de peur, ni à installer ce doux malaise que le spectateur recherche dans ces films de "réminiscences"... Si Saint Ange est effectivement beau à l'image, sa réalisation tient davantage d'un travail de copiste que d'une création où l'instinct et le sens du timing de son réalisateur s'impose. Avec ses plans qui se veulent inquiétants, beaux mais souvent inutiles, Pascal Laugier semble se faire plaisir, certes, mais ne réussit pas à créer le climat pesant recherché. Ses effets de réalisation tombent à l'eau, le rythme ne suit pas et Saint-Ange manque son objectif : il laisse le spectateur loin derrière son intrique.
Si la réalisation de Laugier manque son but, c'est aussi parce que le spectateur peine à comprendre l'évolution du malaise d'Anna, il peine d'ailleurs à comprendre le pourquoi de tout ce scénario peu clair. Ce qui se passe à Saint-Ange restera bien obscur pour le spectateur, le trouble qui envahit Anna restera tout aussi mystérieux... Saint-Ange est soit trop simple soit trop compliqué, mais qu'il s'agisse d'une grossesse non désirée qui cherche un moyen de ne pas aboutir, ou bien une histoire de lieux hanté par son passé : s'il se passe quelque chose à Saint-Ange, le spectateur aimerait bien pouvoir bénéficier de sa tension ou de sa force dramatique.
On suit donc Saint-Ange et la belle Anna sans jamais être captivé par son mystère. Pascal Laugier a prouvé son indéniable savoir faire, mais il n'a cependant pas réussi à mener le spectateur là où il le souhaitait. Par manque de rythme et de clarté, Saint-Ange ressemble à un film qui fait des pieds et des mains pour prouver qu'il n'est pas vain et qu'il ne faut pas le ranger avec tous les autres films fantastiques dénués "d'ambition". Laugier semblait rêver d'un film subtil, flippant et poétique, nous n'y avons trouvé qu'un film peu clair, lent et poseur. Pardon Pascal, nous sommes convaincus de ton talent, mais on préfère la suite de ta carrière, plus personnelle et plus détachée de tes influences. Saint-Ange est un premier film intéressant, un peu poseur (prétentieux ?), mais qui donne finalement bien peu de sensations à ses spectateurs.

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