Il y a ceux qui sont contre... à la rédaction nous adorons Wes Anderson pour son style, son ton et son sens du décalage et de la poésie. Son second film, réalisé après Bottle Rocket et avant La Famille Tenenbaum, réunit une fois de plus tous ces ingrédients et donne à voir au spectateur une curieuse histoire d'amour, construite autour d'un portrait drôle et attachant.
Rushmore, c'est la raison de vivre de Max Fisher ! Si les cours ne le motivent guère, en revanche il laisse s'épanouir sa créativité dans d'innombrables activités qui en font une personnalité centrale de l'école. Cette activité intellectuelle intense de Max Fisher tranche singulièrement avec les autres garçons de son âge et Max Fisher ressemble bien plus à un adulte qu'à un adolescent. C'est sur ce décalage que Wes Anderson s'appuie pour créer un humour subtil et créer ce personnage à la fois fragile, brillant mais aussi quelque peu inadapté au monde qui l'entoure. Adulte prisonnier dans un corps d'enfant, Max Fisher n’appartiendra ni au monde des adultes, ni au monde des enfants. Ses échecs et difficultés, en particulier son histoire d'amour avec Rosemary Cross, donnent à Rushmore une nostalgie et une amertume qui lui permettent de transformer son histoire anecdotique et, il faut le dire, à priori peu excitante, en véritable épopée sur le passage de l'enfance à l'âge adulte, en parcours du combattant pour que Max Fisher se construise enfin seul, par lui même.
On retrouve dans Rushmore ce style visuel de Wes Anderson que nous aimons tant, cette obsession de la construction de ses plans. La réalisation confère à son personnage l'étrangeté du regard de son réalisateur, et permet au spectateur de mieux appréhender l'entre-deux monde dans lequel se situe Max. Aucune précipitation ne vient brusquer le rythme du film, métronomique de bout en bout sans jamais ennuyer. Bien que Wes Anderson imprime à chacune de ses scène le même rythme, toute une palette, fort riche, d'émotion et de sentiments envahissent le spectateur. Ce qui pourrait paraître comme un rythme monotone est en fait une sorte d'étalonnage, d'harmonisation préalable pour Anderson, qui va permettre de rendre plus apparent chacun des détails, scénaristiques ou visuels, qu'il à préparé. Rushmore est rempli de petits détails, de subtilités de toute sorte, qui s'enchaînent et s'empilent à l'écran pour former un univers hors norme, une bulle cinématographique hyper-cohérente (et hyper cadrée !) dans laquelle s'épanouissent le plus simplement du monde la douceur, la délicatesse, l'humour et la pertinence de son histoire et de ses personnages.
Nous avons (comme toujours) été séduits par le langage cinématographique, à la fois très élaboré mais aussi très simple, de Wes Anderson. Son cinéma très personnel et typé (extrêmement reconnaissable) forme une véritable "caisse de résonance", dans laquelle une multitude de détails apparaissent alors pour appuyer les &motions des personnages. On apprécie d'autant plus Rushmore que son univers drôle et poétique parvient à nous immerger presque immédiatement dans son monde. Véritablement intemporel, Rushmore nous emmène quelque part entre maintenant et les 50's... certains éléments historiques ou technologiques viennent effectivement donner des repères (comme la géniale pièce de théâtre de max, car oui, Max est aussi un grand metteur en scène !), mais l'histoire que nous conte Anderson est bien intemporelle. Une histoire d'amour, une histoire de construction personnelle, un parcours (presque) initiatique... Derrière ses apparences d'historiette bien modeste, Rushmore raconte de bien jolies choses... fortes... Nostalgique et touchant, à la manière d'un peintre qui transformerait un simple paysage en puissante représentation de la nature, Wes Anderson transforme quelques mois de la vie de Max Fisher en un condensé de vie et d'expériences. Rushmore n'a absolument rien d'un chef d'oeuvre, mais quel magnifique langage, quel humour, quel sens de la poésie ! Nous sommes grand fans de ce cinéma qui ne ressemble à aucun autre...
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