Ces trois piliers, ou "game changers", sont la clé de la compétitivité des entreprises. Pour Yves Gassot, de l'Idate, ils feront cependant la différence s'ils sont combinés, et pas tant de manière indépendante
Yves Gassot est le PDG de l'Idate à l’occasion du Digiworld Summit 2012, organisé à Montpellier les 14 et 15 novembre sur ce thème. Il animait la conférence d'introduction de l'événement.
Le thème du Digiworld de cette année était centré autour de trois piliers dont vous pensez qu'ils vont révolutionner l'entreprise. Pourquoi ?
Yves Gassot :Nous vivons dans l’époque de l’hyper-connectivité, celle-ci étant matérialisée par une "connectivity everywhere". En effet, aujourd’hui plus de 50% des utilisateurs de Facebook s’y connectent depuis un terminal mobile. C’est l’ère du "machine to machine", soit l’internet des objets. Donc je dirais que le premier "game changers" est la mobilité. Vient ensuite le cloud. Puisqu’il y a une dissociation entre les réseaux, les applications et les services. En fait c’est le phénomène de l’externalisation. D’ailleurs les entreprises commencent à le connaître avec le cloud computing. L’essentiel est d’avoir une identité numérique. Ensuite il y a le Big Data, c’est-à-dire toutes les informations qui ne se voient pas, qui sont pour la plupart en quantité, mais peu visibles. C’est le cas notamment des traces laissées par les usagers d’internet avec leurs appareils. En outre, il y a une efficacité potentielle liée à l’exploitation de ces données. Toutefois la question de la préservation de l’information se pose puisque les clients jugent que ce phénomène a un caractère intrusif.Quoi qu'il en soit, je défends l’idée selon laquelle les game changers sont dans la combinaison et non dans l’indépendance de ces trois facteurs.
Quels sont les enjeux et les impacts de ces game changers ?
Concernant les enjeux, la question se pose de savoir quelle va être la hiérarchie des acteurs dans dix prochaines années. Il faut en effet tenter de répondre à la question est-ce que les smartphones et les devices vont être les lieux de concentration de la valeur ? Est-ce que les opérateurs vont devenir une commodité en délaissant services et applications ? Ou au contraire assisterons-nous à une renaissance des opérateurs avec des modèles tarifaires donnant de la valeur à la connectivité ? Est-ce que les acteurs dominant de demain seront IBM et HP ou bien Google, Amazon et Apple? Quant à l’impact, la question est bien de savoir qui va rester sur le marché. Qui va souffrir ? Qui va dominer ? Et où va être la création de valeur. Une question géopolitique demeure également. Où se situent les points forts de l’Europe ?
Du coup, à quoi pourrait ressembler l'entreprise si l'on combine ces trois éléments ?
La consommation de contenu n’a cessé de se développer. La situation de mobilité fait que nous avons tout le temps un écran sous les yeux. Et celui-ci sert à de multiples usages : pour communiquer, regarder un film, accéder à des services. Toutefois, nous n’imaginons pas de modèles dans lequel l’ensemble de services serait fourni par le même prestataire. Imaginez un libraire qui ne vendrait que des livres de sa maison d’édition !