C'est connu : le très haut débit donne lieu à de très hauts débats dans la vie parlementaire. Les députés comme les sénateurs cherchant à tirer vers eux la couverture de la France en fibre optique au nom du développement de l'économie numérique. Ce sujet devait d'ailleurs faire l'objet d'un examen parlementaire du prochain projet de loi sur la modernisation de l'économie.
Mais Nicolas Sarkozy a décidé de passer outre en tranchant dans le vif du sujet. Le Président de la République vient de prendre une mesure spectaculaire prise au nom de l'intérêt général : il a décrété la nationalisation des réseaux en fibre optique. Une mesure que le Chef de l'Etat compte officialiser lors du prochain conseil des ministres qui se tiendra mercredi prochain. "Finie la présidence bling bling, place à la présidence large bande", a déclaré Nicolas Sarkozy sur le perron de l'Elysée.
Concrètement, le gouvernement va réquisitionner tous les réseaux en fibre optique des opérateurs télécoms qui seront pris en charge par une nouvelle structure publique : la Fondation d'Aménagement des Réseaux Connectés Enfibrés (Farce).
"Le Hugo Chavez du numérique"
Les premières réactions n'ont pas tardé à fuser : l'UMP, le parti de la majorité présidentielle, a déclaré qu'il s'agissait d'une illustration de la politique de civilisation visant à supprimer l'héritage de mai 68 c'est à dire le développement des réseaux très haut débit dans l'anarchie la plus complète.
Du côté du Parti Socialiste, on rappelle que cette mesure est une copie de la 98ème proposition clause 6 astérisque 23 (sur un total de 100) du Pacte présidentiel de Ségolène Royal (à souligner néanmoins l'absention de Laurent Fabius, Lionel Jospin et Dominique Strauss-Kahn).
Quant à François Bayrou, il enrage, estimant que le coup de fouet donné au taux de pénétration des boîtiers optiques pour la fibre à domicile sonnera le glâs du bon vieux MoDem.
Sur le front du Parti Communiste, ses dirigeants n'en croient toujours pas leurs yeux. "Nicolas Sarkozy, c'est le Hugo Chavez du numérique."
Le dindon de la Farce ?
Du côté des opérateurs, les premiers échos arrivent. La direction de France Telecom se montre soulagée à l'idée de cette (re)nationalisation, synonyme de retour à la paix sociale et syndicale au sein du groupe. "L'Etat pourrait-il inclure l'iPhone pour récupérer les commissions qui tombent dans les poches de Steve Jobs", suggère avec audace un dirigeant du comité exécutif sous le couvert de l'anonymat.
Le son de cloche n'est pas tout à fait le même du côté de Free. "Toutes ses années perdues à tenter d'ouvrir le marché de l'accès Internet et voilà le résultat…Puisque tout le monde régresse, je retourne dans le Minitel", commente Xavier Niel, fondateur du service d'accès. Du côté de l'Arcep, il est également difficile de garder son sang-froid. "Certes, la nationalisation va favoriser la mutualisation des réseaux mais l'Arcep ne veut pas être le dindon de la Farce."
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