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Bad Godesberg en France? Non.

Publié le 15 novembre 2012 par Chapitre5.com

Bad Godesberg est la ville où les socialistes allemands ont modernisé leur vision politique (en 1989), renonçant à la religion révolutionnaire pour adopter la démocratie libérale. Après quoi, les électeurs ne les ont plus pris pour des compagnons de route des communistes ni de la STASI. Et ils ont pu faire du bon travail.

Notre tradition culturelle exclue que les socialistes soient capables de cette Réforme quasi Luthérienne. Mais la conférence de presse de M.Hollande montre qu’ il vient de prendre conscience de la réalité.

D’abord, que la France ne peut pas faire cavalier seul dans le monde, comme M. Mitterand l’avait fait en 1981. L’ Europe rend cette politique impossible. Il n’y a plus de dévaluation possible sauf à quitter l’Union Européenne, et l’inflation ne peut pas rembourser les dettes de l’Etat en ruinant les épargnants comme sous les 3ème et 4ème républiques on en 1981/84. Pas plus que les gimmicks financiers de M. Bush en 2001 n’ont sauvé la croissance, la fuite en avant dans la dépense publique n’est une solution.

Ensuite que la compétitivité du site de production français ( en allemand: « Standort Frankreich) est en chute libre et constitue le problème majeur. De même, les entrepreneurs ne sont ni des assoiffés de sueur du peuple, ni des pigeons, ni des inutiles. Le seul moyen de pallier les bas taux horaires de l’Asie, c’est une productivité européenne toujours plus forte.

Enfin, que les riches ne sont, ni assez nombreux pour payer le déficit public, ni obligés de se soumettre  au prélèvement de l’essentiel de leurs plus values s’ils réussissent leurs investissements risqués en France: l’Europe, permet les délocalisations des plus capables, étudiants comme techniciens. Ce n’est donc pas le matraquage fiscal ou la « révolution » (nationalisations, banques publiques pour prêter aux emprunteurs non bancables, interdiction des licenciements etc…) qui va améliorer le niveau de vie des ceux qui ont voté à gauche. Et tant pis pour eux et pour l’extrême gauche.

Bad Godesberg….enfin?

Et puis, il a osé dire que le monde a changé depuis la fin du cycle de croissance 1980/2007. La nouvelle zone de co-prospérité est l’Asie Pacifique; la zone atlantique recule en poids relatif, et nos systèmes productifs, sociaux et politiques doivent s’y adapter. Les grandes multinationales l’ont compris depuis longtemps. Donc, a-t-il convenu, la fin du cycle de dépression actuel ne signifiera pas le retour à la situation antérieure; nous pouvons très bien rester pour compte, telle une nation aussi arriérée que le furent  la Chine ou le Japon en 1850 quand l’Europe avait  fait sa révolution industrielle. Le japon a adopté le modernisme, mais la Chine l’a refusé et s’est effondrée. Avec  troubles civils et pauvreté. Après tout, n’était-ce pas la situation de l’Europe entre 1944 et 1955?  Ce qui s’est vu peut se revoir.

Conséquences: la rigueur financière (ou ce qu’inventera la langue de bois) est nécessaire. Avec 12 ans de retard sur les allemands et 4 sur les espagnols. Elle est un point de passage obligé.

Bien sur, tout cela était évident pour tout le monde. Il n’y a donc pas lieu d’admirer sa redécouverte de l’évidence. Mais il n’a pas la majorité nécessaire; les forces politiques qui l’ont élu sont aussi hostiles au progrès que celles qui émergent des printemps arabes. De plus la tradition du parti socialiste n’est pas de faire face avec courage aux évènements. On l’a vu en 1916, 1936, 1940, 1958… Enfin, son extrême gauche demeure arc-boutée sur ses dogmes; elle continue à nier le réel. C’est le propre de la culture mythologique selon la classification d ‘Auguste Comte.

Donc, rien n’est encore fait. Le projet de budget n’est pas amendé dans un sens moins réactionnaire. Au contraire, les amendements parlementaires créant des taxes ou des normes nouvelles continuent à pleuvoir en séance, sans aucune concertation ni calcul préalable avec les intérêts ni les professionnels concernés. Le Président n’a rien annoncé de précis.

Ces conséquences économiques et financières  ont déjà été analysées ici: il faut remettre de l’ordre dans nos affaires financières  et sociales. Et se préparer à un effort collectif sans croissance pour en amortir les effets sociaux immédiats. Le leadership du milieu politique, et les CRS , en sont-ils capables?

Même raisonnement pour les Etats Unis. Bien qu’ils soient riverains de la zone de croissance Asie/Pacifique, leurs déficits publics sont devenus insoutenables. Le $ y perdrait sa suprématie mondiale. Et leur modèle de grande société risquerait des secousses sociales désastreuses. Il leur faut comme nous, remettre de l’ordre dans leurs affaires. Mais on ne peut pas assurer encore que les deux partis en soient conscients. On va le savoir bientôt, avec les discussions en cours sur le prochain budget avec coupes budgétaires et impôts.  Personne hors du milieu politique US ne connait le vrai rapport des forces entre décideurs, ni le résultat de leurs négociations.

Conséquences pour une politique de placement: dans tous les cas, il est urgent d’attendre pour investir. La dernière phase de baisse dans un cycle séculaire, est toujours la plus pénible. La destruction créatrice y est la plus cruelle, d’autant qu’elle suit une première phase de 7 ans de baisse suivie d’une reprise légère qui avait redonné de l’espoir. Or, aucun indicateur macro économique ne tourne au vert sauf, peut-être, l’immobilier aux USA.

C’est ce qu’annoncent les réactions de Wall Street à la réélection de M. Obama. Il en aurait été de même avec un succès de M.Romney. L’analyse technique des marchés confirme. Le moyen terme est orageux. 

Si on y rajoute les incertitudes sur le devenir de la politique chinoise (consommation intérieure ou poursuite de la politique d’exportations/ investissements lourds?), le gérant ne peut plus faire que du stock picking. Il y a toujours  de belles opportunités. Mais la gestion indicielle n’est plus d’actualité. Il faut se mettre à l’abri en attendant le creux qui coïncidera, comme toujours, avec le désespoir absolu.  Il en est le marqueur infaillible. On n’ y est pas encore.


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