Rue des Histoires est un recueil de vingt nouvelles, tantôt réalistes, tantôt fantastiques, se déroulant principalement au Congo, entraînant le lecteur dans ses différentes villes : Brazzaville, Pointe-Noire, Dolisie, Mouyondzi... chacune est le théâtre des aventures, ou plutôt des mésaventures qui surviennent aux personnages.
Ceux-ci, le plus souvent jeunes, doivent résoudre les problèmes qui se posent souvent à la jeunesse, sous tous les cieux : la recherche du travail, les émois amoureux et leurs conséquences, la nécessité de prendre ses responsabilités... Cette dernière question ne concerne pas seulement les jeunes, les moins jeunes également doivent répondre de leurs actes et étonnent parfois par la légèreté avec laquelle ils se conduisent, par leur manque de maturité, on a même envie de dire leur "bêtise". N'est-ce pas bête par exemple de ne pas saisir la deuxième chance que vous offre la vie ? Le héros de la nouvelle intitulée "Le Test" se croit porteur du VIH, c'est ce que disent les résultats que son médecin a voulu lui communiquer en personne. Du coup, il culpabilise, pensant notamment à sa femme qu'il a souvent trompée et sans penser à se protéger, à ses enfants qu'il va laisser orphelins. finalement, les choses se retournent à son avantage mais ce n'est pas pour autant que, lui, change de mentalité.
Marie-Françoise Ibovi laisse souvent le lecteur tirer les leçons des expériences de ses personnages. Il s'agit parfois simplement de rapporter une expérience, sans qu'il n'y ait forcément une intrigue. Quand il y en a une, elle semble parfois se développer trop vite. La rigueur dans la construction de l'histoire, l'auteure, qui signe avec la Rue des histoires sa première oeuvre littéraire, l'acquerra sans doute au fil des publications.
J'ai apprécié entre autres "Le porte-feuille ensorcelé", peut-être parce que cette nouvelle m'a fait penser au "Veston ensorcelé", de Dino Buzzati. Les deux textes ont beaucoup de ressemblance.
Certaines histoires accordent une grande place au dialogue, si bien que, si la nouvelle est la version courte du roman, ces "histoires" de Marie-Françoise Ibovi auraient pu être de courtes pièces de théâtre. Cette hésitation entre narration et théâtre, on la perçoit dans le texte dont la mise en page fait parfois penser à celle des pièces de théâtre.
Récit d'expériences propres à faire réfléchir le lecteur, à l'inviter à privilégier l'effort à la facilité, la Rue des Histoires, premier recueil de nouvelles de Marie-Françoise Ibovi, préfacé par Emilie-Flore Faignond, est surtout marqué par la forte présence du Congo.
Marie-Françoise Ibovi, Rue des Histoires, Nouvelles, Edilivre, 134 pages, 19 €.