Ce jour-là, j’ai retrouvé la forêt.
Pas ce petit bois qu’on rencontre à la sortie des villes. Non, la vraie forêt, la forêt primitive, celle de mon enfance, celle de toujours. L’indomptée, l’insoumise, celle qui fut toujours forêt et que l’homme, jamais, ne parvint à évincer. Depuis le plus haut Moyen-âge, jamais bûcheron n’en vint à bout, jamais paysan ne put en conquérir la moindre parcelle pour agrandir ses champs. Toujours la forêt fut là, aussi loin qu’on remonte dans la mémoire des hommes.
Le village, j’en ai parlé. Il dort au cœur des grands bois, le long d’une boucle de la rivière. Trois maisons, un cimetière. C’est là que repose les miens. Partout autour, c’est la forêt. Celle de Rimbaud, celle de Verlaine, celle qui traverse toutes les frontières. C’est un pays sauvage où la vie, toujours, a été dure. C’est le pays qui m’a formé, c’est mon pays.
Ce jour-là, j’ai retrouvé la forêt.
Photo personnelle, octobre2012