La colère est une courte folie. Les circonstances s’accommodent mal de trop
polémiquer alors que des vies humaines sont en jeu. L’esprit de responsabilité devrait être au cœur des préoccupations des ministres. Retour à la …normale.
Car la situation est aussi mauvaise qu’il y a douze ans. Période où l’opposition d’aujourd’hui était
également l’opposition de l’époque. Époque du gouvernement Jospin. Bon, ok, on s’envoie en l’air l’incurie
du moment versus l’incurie d’avant, pourquoi pas, c’est de bonne guerre.
Et puis, il arrive un mot de trop. Au centre de l’hémicycle, le ministre est rouge écarlate, en fureur, et il
lâche une malheureuse phrase qui dépasse les limites de sa pensée. Il prend à témoin les victimes de l’affaire Merah (qui remue encore) en disant que les députés de l’ancienne majorité étaient responsables du « retour du
terrorisme ». À une heure de la conférence de presse du patron, cela fait désordre. La séance a même dû être interrompue par son président, Claude Bartolone, tellement les députés ont été excités (certains ont même foncé physiquement vers le ministre)
et la plupart évoquent un "coup de sang" pour ne pas dire que la tête a éclaté en plein vol devant une popularité si flatteuse (Manuel Valls est un ministre aimé à la fois de l’opposition et de la majorité).
L’heure d’après, son "patron" recadre fermement, son
autre "supérieur" également le lendemain matin et le lendemain après-midi, acte de repentance dans
l’hémicycle : « Je regrette les propos que j’ai tenus ici dans cette assemblée. (…) [Il y a] nécessité de faire l’union entre toutes les forces
politiques, entre tous les Français, pour combattre le terrorisme. ».
Il avait déjà reconnu dès le matin sur BFM-TV : « Dans le chaudron de l’Assemblée Nationale, on peut être emporté par le verbe ? Je le regrette bien évidemment. (…) Bien sûr, la droite n’est pas
responsable du terrorisme. » tandis que Jean-Marc Ayrault expliquait au même moment sur France Info : « On ne polémique pas sur le
terrorisme. Je demande que l’opposition fasse de même. S’il faut réunir à Matignon les chefs des groupes parlementaires pour faire le point sur ces dossiers sensibles, je le ferai, car il y a une
question de sécurité nationale. ».
Éric Ciotti, le député UMP de Nice à l’origine de l’incident, commente alors : « Le Président de la République et le Premier Ministre ont dit des choses claires qui s’assimilent à un petit recadrage… un gros recadrage. Aujourd’hui, le
Ministre de l’Intérieur a clairement dit qu’il avait commis une erreur hier. ». L’affaire est close.
Close ? Oui bien sûr. Pas de polémique.
Le Président avait été exemplaire pendant la campagne.
Et peu avant sept heures du soir, ce mercredi 14, dans sa petite boutique, nouveau coup de théâtre,
tragique et atroce : le président de la Chambre de commerce et d'industrie d’Ajaccio, Jacques Nacer (59 ans), un homme jovial et très actif, se fait assassiner par un terroriste corse.
Il y a quelques semaines, le 16 octobre 2012, c’était un avocat corse bien en vue, Antoine Sollacaro (63 ans). Le ministre avait prévu d’aller en Corse le jeudi 29 novembre (Manuel Valls et
Christiane Taubira iront finalement dès ce 15 novembre 2012 en Corse).
Vous aviez parlé de retour du terrorisme ?
Olivier Faure, un député francilien de la majorité, réagit à chaud.
Surtout, gardons le consensus national.
Le consensus national ne sera sans doute pas entamé.
Car tout doit être fait pour éviter de nouveaux actes terroristes.
Mais l’aura du ministre aura été sérieusement écornée.
Aussi sur le
blog.
Sylvain Rakotoarison (15 novembre
2012)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Manuel Valls, une
ambition.
Manuel
Valls et les institutions.
Valls vs Bayrou ?
Valls et la primaire socialiste.
Conférence de presse de François Hollande.
http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/manuel-valls-et-le-terrorisme-125856