Le Mortelle, une cave écolo

Publié le 15 novembre 2012 par Elmarco

A quelques jours de l’inauguration de la nouvelle mega cave du Bargino (Florence), je me suis rendue dans une autre cave de la famille Antinori, toujours en Toscane, mais cette fois plus au Sud, en Maremma, une partie de la côte qui a été longtemps marécageuse d’où son nom : le marais.

Paradis des animaux migrateurs et des plantes hygrophiles, cette zone humide offre des paysages intacts. Nous sommes ici entre Castiglione della Pescaia et Grosseto, dans l’une des zones humides les plus remarquables, la Daccia Botrona, un vestige de l’ancien Lacus Prelius de l’époque romaine. Ce grand lac devenu marécage au Moyen Age fut assainit au XVIIIe siècle par les Ducs de Lorraine devenus Ducs de Toscane, grâce à la mise en place de nombreux canaux, dont l’actuel port-canal de Castiglione della Pescaia.

La Daccia Botrona est visible depuis la cave Le Mortelle qui prend son nom du « myrte » sauvage qui caractérise ces zones côtières. Le domaine s’étend sur 270 hectares de terres dont 160 plantés avec des vignes, les autres continuent de produire de merveilleux fruits (en particulier des pêches) et des confitures bio à tomber par terre !

Ces vignes ont été plantés en 1999 et la première vendange a été étiqueté en 2009, pourtant la fin des travaux de cette somptueuse cave a été décrété en 2010 : elle se trouve au sommet d’une petite colline qui monte la garde sur ces terres, elle est en grande partie construite sous terre de façon à impacter le moins possible le territoire qui l’entoure et qui l’encadre.

Les architectes du studio Hydea (les mêmes qui ont dessiné celle de Bargino) ont creusé jusqu’à 26 m dans la roche afin d’obtenir les 3 niveaux, tous très fonctionnels, qui s’articulent autour d’un escalier en colimaçon centrale qui est l’épine dorsale de la cave.

Tout ici est écolo, de la production des fruits bio qui continuent d’être vendus à la ferme (une façon de respecter l’ancienne tradition agricole de la région), jusqu’à la production des vins dont un AOC Monteregio di Massa Marittima sans sulfites (recyclage des eaux, seulement 15% de bois neuf dans le parc à barriques, très peu de traitements avec des micros dosages- pour vous donner une idée il en étaient prévus 12 et seulement 7 ont été finalement réalisés…).

100 milles bouteilles produites à aujourd’hui, mais les vignes et les chais peuvent arriver jusqu’à 1 million et plus mais voilà, le choix a été fait de ne travailler que 45% du raisin récolté, seulement le meilleur.

Malheureusement je suis arrivée à un moment où leur vin blanc, le VIVIA (assemblage de Vermentino, Ansonica et Viognier) était épuisé, je n’ai donc dégusté que les rouges, mais vous pouvez vous rapporter à mes commentaires de dégustation de ce vin fait précédemment, cliquer ici.

Le premier rouge que je goute est donc ce Monteregio di Massa Marittima sans sulfites appelé tout simplement comme la cave « Le Mortelle », un Sangiovese très fruité, vineux (acidité typique du cépage) et épicé (cannelle en particulier, chose assez inusuelle pour cette variété). Une bouche propre et nette avec une belle longueur, mais surtout un prix imbattable : 6.5€ la bouteille, vendu uniquement à la cave par contre, inutile de le chercher ailleurs.

Je passe ensuite au cru Botrosecco 2010 (étiqueté à partir de cette année avec la nouvelle AOC / DOC Maremma Toscana) : 60% Cab Sauv, 40 % Cab franc, qui passent 12 mois en bois. Un vin encore jeune pour être pleinement dégusté mais les notes balsamiques du Cabernet sont ici évidentes.

Poggio alle Nane 2009, c’est le grand vin du domaine, ici les proportions des Cabernets sont inversées, 60% pour le Franc et 40% pour le Sauv. Le résultat est plus complexe, notes profondes de tabac, chocolat, réglisse, pruneaux et fruits secs qui se révèlent. En bouche le vin est chaud et élégant, les tannins sont soyeux et doux.

Quelques travaux sont encore en cours, surtout à l’extérieur de la cave où une maisonnette d’accueil est en train de prendre forme, au rez de chaussée il y aura un magasin où les vins mais aussi les confitures et les fruits seront vendus, complété par un espace de dégustation très convivial, sorte de bar à vin (au verre, mais avec tous les crus de toutes les cave d’Antinori) accompagné de planches de fromage et charcuterie, une autre tradition culinaire d’excellence de la région. A l’étage, quelques chambres seront prévues pour les clients et importateurs.

C’est presque une révolution qui est en cours ici et à Bargino car c’est la première fois dans l’histoire de la famille Antinori que les portes des caves s’ouvrent au grand public. S’il vous fallait une excuse pour venir en Toscane, la voilà toute trouvée !

Site web Le Mortelle, cliquer ici.

Pour lire mon article sur l’architecture des caves d’auteurs en Toscane, cliquer ici.