L’exercice était attendu. Conformément à ses engagements, François Hollande, Président de la République s’est livré à un devoir périlleux en pleine tourmente : expliquer et justifier avec calme et détermination le cap qu’il entend imprimer à la France pour la sortir d’une ornière consciencieusement creusée pendant la dernière décennie.
Malgré ma déception, en raison d’un début de mandat marqué par de retentissants renoncements, même s’il y a aussi de réelles avancées, je ne regrette absolument pas mon choix d’il y a 6 mois. Aujourd’hui, cette conférence de presse a modifié sensiblement ma manière de percevoir l’action de ce gouvernement. Certains y verront une forme de découragement, un renoncement, une forme de capitulation face à l’ennemi voire un ralliement au capitalisme débridé. Il n’en est rien. Absolument rien.
Ce qui est sûr, c’est qu’il est inutile de continuer à consommer son énergie à fustiger sans cesse l’action des prédécesseurs. Toute la gauche devrait en prendre acte, et garder son calme. Le bilan est là, catasptrophique, terriblement présent et tangible. C’est un fait. François Hollande n’y peut rien, mais c’est à lui qu’incombe désormais la solution, ou du moins l’atténuation des conséquences sur toutes les composantes de la nation. Il le savait en sollicitant la fonction.
Ce qui est certain aussi, c’est que s’attaquer de plein front aux patrons et aux financiers devient rapidement contre-productif. Incontestablement une majorité s’en met plein les fouilles en exploitant honteusement les ressources et en surfant habilement sur les réglementations. Ils continueront leur manèges et profiteront des recommandations du rapport Gallois en soustrayant bien des ressources à la solidarité nationale et au redressement du pays. On voit bien le résultat à chaque possible ponction du clan des riches : ils montent au créneau ou s’enfuient… Ils en ont les moyens, et la société les écoute.
Pas nous. Nous n’avons aucun moyen d’échapper à la loi du marché qui contrôle tout. Il y a la certitude de la main-mise du système, de la sanction immédiate si François Hollande se proposait soudainement de distribuer une manne dont à l’évidence l’Etat est privé. Il n’y a pas de sous, pas de boulot, juste des dettes et un sixième de la population en grande détresse. Il m’est aussi difficile de l’admettre, mais au final, n’avons-nous pas intérêt à davantage soutenir ce gouvernement dans son action ? N’avons-nous pas le devoir de montrer que le redressement du pays est non seulement possible, mais faisable, envers et contre les geonpis, les patrons-voyous et les millionnaires de Neuilly et du CAC40 ? Parce qu’il n’est pas envisageable d’échouer, parce que ce faisant, on livrerait dans 4 ans le pays à une droite rancunière et revancharde ou au Front-National, ce qui en somme est un peu pareil. Et si François Hollande réussissait ? On en profiterait tous…
Je le répète, il n’y a pas de virage de ma part, mais une forme de pragmatisme sourd, presque forcé. Même si tout n’est pas parfait, loin de là, ces 6 mois d’après Sarkozy ont définitivement démontré que droite et gauche, ce n’est vraiment pas pareil.
Rappelons-nous tout de même d’où l’on revient…