« Nous ne possédons que l'amour qui nous a été donné, et jamais repris. »
1667, Magdalena raconte et se raconte. Sa vie de fille, d'épouse, de mère. Le travail auquel elle aspire, l'amour, les deuils qui se succèdent et se ressemblent.
Premier roman, Les heures silencieuses – quel beau titre – révèlent le potentiel d'une auteure à l'écriture subtile. Avec beaucoup de retenue et de pudeur, Gaëlle Josse dépeint l'existence d'une femme dont les émotions ne sont exprimées que dans son journal.
Juste, tendre, d'une simplicité audacieuse. J'ai été transportée dans cette époque corsetée, j'étais dans ce salon en train d'écouter Magdalena jouer de son épinette. Court, élégant, mélancolique, une jolie parenthèse
Si vous avez été nombreux à me clamer votre coup de cœur pour ce roman, je dois avouer m'inscrire à contre-courant. J'ai nettement préféré le second, Nos vies désaccordées, plus rythmé et vibrant à mon goût.
Extrait
« Peter, mon mari, m'a fait annoncer sa visite. Il est entré, l'air grave, et m'a fait compliment des couleurs revenues sur mon visage.
Madame, j'ai à vous parler d'importance, et comme je ne sais pas envelopper mes mots de rubans, je vous parlerai simplement.
J'ai cru, il y a peu, devoir vous porter en terre, et à chacun votre rétablissement fait l'effet d'un miracle.
Vous savez que j'aime à vous entretenir de mes affaires et votre jugement m'importe grandement.
Je viens vous dire la décision que j'ai prise.
Nous ne nous connaîtrons plus comme mari et femme, et nous n'aurons plus de commerce de chair ensemble.
Une autre grossesse serait fatale.
Cinq beaux enfants nous restent, soyons-en heureux.
Je ne veux plus être tenté de vous approcher.
Aussi ai-je décidé de ne plus entrer dans cette chambre, qui demeurera la vôtre.
je vous garderai comme confidente et conseillère pour nos affaires, et n'entends point risquer de vous perdre à nouveau.
Ainsi ai je décidé.