En 1861, le métier d’Hervé Joncour consiste à acheter et à vendre des vers à soie. Pour ce faire, il part chaque année à l’étranger dans le but d’acheter les précieux œufs, qu’il revendra ensuite aux filatures du sud de la France. Mais lorsqu’une épidémie ravage les élevages du monde entier, c’est l’avenir économique du bassin de Lavilledieu qui est en danger. A cette époque, le seul pays à être épargné par cette pandémie est le Japon, jusqu’alors totalement coupé du monde. Avec le soutien des entreprises de sa région, Hervé va donc partir pour le pays du soleil levant. Maisces voyages commerciaux seront aussi l’occasion pour notre homme de tomber éperdument amoureux…
Après la route du thé avec Opium, je vous emmène pour un autre voyage en Orient mais sur la route de la soie cette fois.
Nous découvrons le Japon à travers les yeux d’Hervé, sa culture, son raffinement et, surtout, sa soie précieuse et légère comme l’air.
Alors que le périple France-Japon dure quand même 4 mois, l’auteur passe très rapidement sur ces périodes en les décrivant toujours de façon identique. C’est assez étrange, parce qu’inhabituel, de relire, mots pour mots, les mêmes descriptifs de voyages au fil du roman. Est-ce pour souligner l’aspect répétitif de la vie d’Hervé ? En tout cas, cela permet de se centrer davantage sur ce qui se passe sur le territoire japonais.
Soie, c’est une réflexion sur les choix que l’on fait (ou pas) et qui régissent notre vie actuelle. Dans ce cas-ci, on est face à un homme qui n’a jamais rien décidé. Il subit sa vie, suivant les conseils qui lui sont donnés et prenant ce qui se présente à lui sans broncher. Tout au long du roman, je n’ai eu qu’une envie : secouer cet homme qui manque de vitalité !
A l’opposé, son épouse, Hélène, est plus énergique. Mais, au fil du roman, elle semble s’éteindre peu à peu, dans l’attente de ce mari qui est à l’étranger plusieurs mois par an et qui revient toujours un peu plus absent de sa propre vie. Ce roman ouvre donc aussi la réflexion sur la place qu’occupent nos proches dans notre vie, du manque d’attention dont nous faisons parfois preuve à leur égard…
J’ai trouvé intéressant qu’à travers l’histoire d’Hervé, l’auteur nous raconte aussi l’histoire de la soie (production française, guerre de 1864, Louis Pasteur qui trouve un remède à l’épidémie qui touche les vers à soie…). Si, parfois, on oublie que le récit se déroule au 19e siècle, ces petits détails nous le rappellent et rendent le roman plus crédible.
Soie est écrit avec poésie, il se lit d’une traite et nous immerge complètement dans le Japon du 19esiècle. Tout en utilisant l’humour, ce qui ne gâche rien.
Le film issu de ce roman est sorti en 2009 avec, dans les rôles principaux, Michaël Pitt (Hervé Joncour) et Keira Knightley (Hélène Joncour).
Soie a aussi été lu par Jostein, Minou, Métaphore, Bianca et Miss Léo.
Soie – Alessandro Baricco – Albin Michel – 1997